Le Réseau Environnement Santé soutient le mouvement international initié par ChemSec pour inviter les entreprises, de toutes tailles, à dire non aux perfluorés, ou PFAS, famille chimique composée de près de 5 000 substances dont la plupart sont suspectées d’être des perturbateurs endocriniens.
La mobilisation des entreprises est nécessaire
Réglementer en tant que classe ces 5000 substances permettrait d’encourager une innovation saine.
A quelques exceptions près, l’utilisation des PFAS est parfaitement légale. Cela signifie que les marques et les détaillants qui souhaitent les empêcher d’être utilisés comme ingrédients dans leurs produits ont des moyens très limités à leur disposition. Tant qu’aucune restriction n’est en place, les fournisseurs continueront à utiliser ces produits chimiques efficaces mais dangereux dans la fabrication. Le changement ne viendra pas facilement – il faudra que les décideurs politiques prennent des décisions inconfortables.
Cet appel vise à montrer qu’il existe de nombreuses entreprises qui soutiennent une action législative ambitieuse et qui ont même parfois déjà des stratégies très avancées pour limiter leur utilisation des PFAS. En répondant à cet appel votre entreprise peut agir pour une élimination progressive de l’ensemble de la famille des PFAS.
Plus de 20 grandes entreprises, dont H&M, Lacoste et Kingfisher ont déjà rejoint le mouvement
En rejoignant le mouvement, cela signifie que votre entreprise soutient :
- Un appel aux décideurs politiques pour qu’ils réglementent efficacement les PFAS, sans la possibilité pour les fabricants de simplement remplacer un produit chimique PFAS par un «cousin» non réglementé.
- Un appel à l’industrie chimique à investir dans l’innovation et à développer des alternatives plus sûres au PFAS pour toutes sortes de produits.
- Une reconnaissance que les PFAS sont un problème majeur de santé et d’environnement.
- Un engagement à mettre fin à toutes les utilisations non essentielles de PFAS dans les produits et les chaînes d’approvisionnement.
- Un appel à toutes les autres marques à rejoindre ce mouvement et à œuvrer pour une élimination progressive des PFAS dans toutes sortes de produits de consommation.
Répondre à cet appel vous permetra enfin d’utiliser le badge de Chemsec sur votre site Web pour dire à vos clients que votre entreprise soutient le mouvement!
Si votre entreprise est prête à s’engager, ou si elle souhaite avoir plus d’information, vous pouvez contacter le Réseau Environnement Santé par email contact@reseau-environnement-sante.fr, par téléphone ou via le très court formulaire de prise de contact suivant :
Que sont les produits chimiques PFAS et pourquoi sont-ils un problème?
Le film Dark waters sorti le 26 février 2020 relate une affaire de contamination de l’environnement par une décharge de produits perfluorés qui a secoué l’opinion publique aux Etats Unis dans les années 2000. L’étude épidémiologique menée à cette occasion a contribué à mettre en évidence une grande variété d’impacts sanitaires dans la population. ➜ En savoir plus
Les perfluorés (PFAS PerFluoroAlkylSubstances en anglais) font partie d’une grande famille de perturbateurs endocriniens dont les plus connus sont le PFOA et le PFOS. On les retrouve notamment dans les textiles (vêtements, chaussures, tissus, tapis, moquettes), les emballages en papier et carton pour le contact alimentaire et les ustensiles de cuisine (revêtement anti-adhésif). Ils entrent également dans la composition des mousses anti-incendie, des isolants de fils électriques, des cires à parquet, des vernis et peintures, des produits nettoyants et de certains pesticides. Les perfluorés peuvent se répandre dans l’environnement lors de leur production ou de leur utilisation. Ils migrent alors à partir des produits de consommation dans l’air, la poussière domestique, l’alimentation, les sols, les eaux souterraines et de surface jusque dans l’eau potable (Figures 1 et 2). Ils sont considérés comme « Forever chemicals », c’est-à-dire des substances que l’organismes élimine très lentement. Les enquêtes de Santé Publique France (ELFE et ESTEBAN) ont mis en évidence une contamination totale de la population, plus faible en moyenne que celles mesurées aux USA et au Canada, mais les niveaux les plus élevés correspondent à ceux induisant des effets sanitaires dans plusieurs enquêtes épidémiologiques.
En 2015, plus de 200 scientifiques signaient la déclaration de Madrid qui présentait la synthèse des connaissances sur les effets sanitaires mis en évidence par l’expérimentation animale et de plus en plus par les études épidémiologiques (cancer du testicule et du rein, dysfonctionnement hépatique, hypothyroïdie, taux élevé de cholestérol, colite ulcéreuse, petits poids et taille à la naissance, obésité, diminution de la réponse immunitaire aux vaccins, réduction des taux d’hormones et retard de la puberté). En conséquence, ils demandaient la mise en place de mesures radicales pour stopper la propagation de la pollution par les perfluorés[1]: adoption d’une loi pour exiger que les PFAS ne soient utilisés que lorsqu’ils sont indispensables, étiquetage obligatoire des produits contenant des PFAS, mise en place d’un registre public de tous les produits contenant des PFAS, identification et surveillance de tous les PFAS présents dans l’environnement, y compris leurs précurseurs et produits de dégradation, responsabilisation des fabricants et la collaboration avec les gouvernements pour éliminer de manière sécuritaire les produits contenant des PFAS, transparence de la part des fabricants sur leurs produits, développement d’alternatives non fluorées
La Convention de Stockholm sur les Polluants Organiques Persistants (http://www.pops.int) a classé le PFOA (élimination), le PFOS (restriction) et est en train d’examiner le PFHxS. Le remplacement se fait le plus souvent par des substances appartenant à la même famille des perfluorés (il en existe un millier), ce qui compte-tenu de leur structure commune, est évidemment problématique. Les sources d’exposition restent de toute façon encore nombreuses en raison de l’utilisation ubiquitaire de ces composés et de l’absence de politique de récupération. En juin 2019, les ministres européens de l’Environnement ont appelé la Commission Européenne à développer une action pour éliminer les utilisations non-essentielles des PFAS.
[1] Traduction française sur https://www.reseau-environnement-sante.fr/wp-content/uploads/2016/01/The-Madrid-Statement-on-Poly-and-Perfluoroalkyl-Substances.pdf
⦿ Quelques actualités de l’automne 2020 sur les perfluorés
➜ Une équipe de chercheurs danois pilotée par Philippe Grandjean vient de publier une étude mettant en évidence le rôle d’un perfluoré dans la gravité de la maladie du COVID . L’étude a porté sur une population de 323 sujets âgés de 30 à 70 ans ayant été infectés par le COVID-19. Résultat principal : les personnes les plus contaminées par le perfluoré PFBA ont été touchées sévèrement 2 fois plus souvent. Ce PFBA est aussi le perfluoré trouvé en concentration la plus élevée dans les poumons. Cette étude apporte un élément supplémentaire pour justifier l’élimination de ces perfluorés. En savoir plus
➜ Selon une étude il serait possible, grâce à des copolymères, d’attirer, capturer et détruire certains PFAS En savoir plus
➜ L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a soumis son intention de proposer une restriction pour limiter l’utilisation des PFAS dans les mousses anti-incendie. En savoir plus
➜ Pourquoi une restriction de groupe PFAS est cruciale: leçons tirées des données de biosurveillance humaine . En savoir plus
➜ PFAS chez les enfants allemands: les données de biosurveillance humaine mettent en évidence le besoin urgent de restriction de groupe. En savoir plus
➜ Une étude révèle que les femmes présentant les plus forts taux de PFAS dans le sang ont une ménopause avancée en moyenne de deux ans. En savoir plus