En réaction notamment au cluster de cancers pédiatriques autour de Sainte-Pazanne, les Communes de Saint Mars de Coutais, Machecoul-Saint-Même et Corcoué-sur-Logne ont décidé d’agir afin d’essayer de limiter les facteurs de risques pour la santé de tous. Cet engagement s’est matérialisé le 3 juin par la signature de la Charte « Villes et Territoires sans Perturbateurs Endocriniens » et une conférence d’André Cicolella mettant la lumière sur les liens entre phtalates et maladies infantiles.
Revue de presse
• Pays de Retz. Santé et environnement vont désormais de pair / Ouest France / 06 juin
• Un expert santé vient parler des liens entre cancers et perturbateurs endocriniens / Actu.fr /2 juin
• Un ponte de la santé environnementale de passage à Saint-Mars-de-Coutais / Ouest France / 01 juin
• Santé environnementale. Trois communes du pays de Retz s’engagent / Ouest France / 3 mai
La signature de la Charte
Il s’agit d’un engagement fort et concret pris en présence d’André Cicolella, président du Réseau Environnement Santé, par Jean Charrier, maire de Mairie Saint-Mars de Coutais, Claude Naud, maire de Corcoué-sur-Logne et Laurent Robin, maire de Ville de Machecoul-Saint-Même pour réduire l’utilisation des perturbateurs endocriniens et sensibiliser la population à ces questions. La bonne nouvelle quand on sait que ces substances toxiques existent est que l’on peut les éviter et s’en protéger !
Michael Derangeon, 3e adjoint à l’environnement et à la santé de Saint-Mars de Coutais souligne que les communes travaillent déjà ensemble et partagent des actions communes, comme l’opération « cartable saint », informant les parents sur la nature des fournitures scolaires. Elles réfléchissent à la qualité de la restauration collective, en intégrant des aliments bio. Leurs services techniques n’utilisent déjà plus de produits phytosanitaires.
Ces municipalités vont intégrer des critères d’éco conditionnalité (sans perturbateurs endocriniens) dans leurs contrats et les achats publics. « À travers les marchés publics, l’équipement en vaisselle en verre de notre restaurant scolaire, les matériaux et fournitures utilisés par nos agents, nous avons aussi en tant que collectivité la possibilité de faire de meilleurs choix pour protéger nos enfants et les citoyens en général », soutient Nathalie Lorieau, adjointe à l’alimentation et la santé de Corcoué-sur-Logne.
À Saint-Mars-de-Coutais, la mairie prête gratuitement du matériel de mesure de qualité de l’air. En septembre, ce sera un bracelet pour une opération « zéro phtalates ».
« Nous avons engagé une réflexion sur les produits utilisés par les agents en charge de l’entretien des locaux de la commune, ajoute Françoise Brisson, conseillère déléguée à l’agriculture de Machecoul Saint-Même. En partenariat avec le CPIE, nous organisons en octobre 2022 une rencontre avec des agents et élus du Loroux-Bottereau qui utilisent des produits d’entretien naturels pour le nettoyage de ses locaux. Cette démarche sera complétée en informant et en proposant aux habitants un atelier sur ces produits d’entretien naturels. »
En communiquant sur les perturbateurs endocriniens, les élus souhaitent également sensibiliser les professionnels de santé, les acteurs de l’éducation, ainsi que les parents, avec la volonté de « responsabiliser les citoyens-consommateurs, leur donner la possibilité de faire d’autres choix pour protéger leur environnement et leur santé », résume Nathalie Lorieau, l’élue de Corcoué-sur-Logne.
La conférence
Pour informer le mieux possible les habitants sur les perturbateurs endocriniens les 3 communes ont invité André Cicolella à donner une conférence le 3 Juin 2022 à 20 heures à Saint-Mars-de-Coutais dans la salle Saint Marine. Chimiste, toxicologue et spécialiste de l’évaluation des risques sanitaires, André Cicolella est à l’origine de l’interdiction du bisphénol A (perturbateur endocrinien) dans les biberons et les contenants alimentaires (en 2011 et 2015) ainsi que du trichloréthylène dans les pressings.
Michael Derangeon, 3e adjoint à l’environnement et à la santé de la commune hôte, souligne que « Cette conférence est la première des actions collectives de nos trois communes qui signeront le même jour la charte Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens » et précise que « Les perturbateurs endocriniens sont responsables de cancers pédiatriques, de troubles du neurodéveloppement et de l’apprentissage qui sévissent massivement dans toutes les écoles, de troubles du langage, de pubertés précoces et de stérilités, de déminéralisation des dents avec des taches brunes sur les dents, d’asthme, d’allergies, d’obésités… Ils sont aussi impliqués dans des pathologies de l’adulte comme les cancers. »
Cette conférence et l’ensemble des initiatives associées ont notamment été salué par le député Yannick Haury, vice-président de la commission d’enquête sur l’évaluation des politiques publiques de santé environnementale et de la mission d’information sur les perturbateurs endocriniens. ➜ Post Facebook
Focus phtalates, médicaments et cancers pédiatriques
Une cause identifiée parmi d’autre dans la survenue de certains cancers pédiatriques (ostéosarcome, lymphome Hodgkinien et non Hodgkinien), qui pourrait être facilement éliminée, est la présence de phtalates (DEP et DBP) dans certains médicaments et gélules de compléments alimentaires.
Une publication récente d’une équipe américano-danoise* montre en effet une augmentation du risque d’ostéosarcome d’un facteur 3 et de risque de lymphomes Hodgkinien et non Hodgkinien d’un facteur 2 en cas d’exposition à un médicament utilisant du DEP ou du DBP.
*Ahern, et al. (2022) Medication-Associated Phthalate Exposure and Childhood Cancer Incidence https://doi.org/10.1093/jnci/djac045
Le DEP est également présent dans des produits du quotidien comme les parfums où il est utilisé comme fixateur. Pour s’en débarrasser privilégier le label Cosmebio qui a dans sa charte « Zéro phtalates ».
➜ Un rapport est en cours de constitution par une stagiaire de la faculté de pharmacie de Paris, encadrée par le RES avec le soutien de la Fédération Grandir Sans Cancer et du Collectif Regards.