Le Réseau Environnement Santé a conduit une opération « zéro phtalates » en partenariat avec 10 kinésithérapeutes de l’Institut de Pelvi-Périnéologie de Paris (IPPP) pour mettre en évidence la présence de phtalates dans leur cheveux, famille de perturbateurs endocriniens induisant la plupart des grandes maladies chroniques (Endocrine Society, 2015).
L’objectif est de montrer qu’il est possible de faire reculer ces maladies chroniques dans un délai assez rapproché à condition d’identifier les sources d’exposition et d’agir pour les éliminer. Cette opération est une 1ère étape.
Les résultats des analyses seront présentés au 1er congrès de l’IPPP les 18 et 19 septembre 2020 pour mobiliser la profession et sensibiliser les patients : https://congres2020.ippp.fr/
LES RÉSULTATS
Les analyses ont ainsi révélé la présence de 3 phtalates dans les prélèvements de cheveux des 10 kinésithérapeutes ayant participé à l’opération : le Di-Ethyl-Hexyl-Phtalate (DEHP) avec une concentration médiane de 1041 pg/mg, le Di-iso-Nonyl-Phtalate (DiNP) avec une concentration médiane de 2896 pg/mg et le Di-iso-Decyl-Phtalate (DiDP) avec une concentration médiane de 273 pg/mg.
Ces résultats (en pg/mg = picogramme par milligramme de cheveux) montrent des différences allant de 1 à 320 pour le DiDP, de 1 à 20 pour le DEHP et le DiNP. ll est possible de réduire de façon très importante la contamination compte tenu de l’élimination rapide des phtalates par l’organisme humain (quelques heures). La contamination zéro est donc théoriquement possible !
RÉDUIRE LA CONTAMINATION À LA SOURCE
Ces molécules ne devraient pas se trouver dans les cheveux, en raison des mesures d’interdiction ou de limitation prises depuis plusieurs années. Le DEHP est classé reprotoxique et cancérogène par la réglementation (REACH et CLP); le DiNP et le DiPP le seront vraisemblablement car ils sont déjà interdits dans les jouets par une directive européenne de 2005.
Ces 3 phtalates sont notamment encore utilisés comme plastifiants dans les sols en PVC, source clairement identifiée d’asthme chez l’enfant lié au sol en PVC de la chambre des parents mais aussi de l’enfant.
Ces résultats sont cohérents avec les études Esteban et Elfe de Santé publique France, qui ont déjà mis en évidence une contamination totale de la population et plus particulièrement des enfants.
Pour cette opération le Réseau Environnement Santé a travaillé avec le laboratoire IRES Kudzu Science, accrédité depuis 2015 par le COFRAC : https://www.kudzuscience.com/. Les échantillons de cheveux (prélevés par le RES en utilisant les kits fournis par le laboratoire) ont été analysés par chromatographie en phase liquide couplée à une détection par spectrométrie de masse en tandem (LC/MSMS) et par chromatographie en phase gazeuse couplée à une détection par spectrométrie de masse en tandem (GC/MSMS.)