Sous l’impulsion de son groupe de travail santé environnementale, animé par l’éco-infirmier Émeric Vaillant, des volontaires de la Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS) Asclepios, située en Indre-et-Loire, se sont portés volontaires et ont donné d’eux-mêmes pour la démarche « Zéro phtalates » proposée par le Réseau Environnement Santé.
14 professionnels de santé (pharmaciennes, médecins, kinésithérapeutes, infirmières, psychomotricienne, orthophoniste, sage-femme…) ont soumis une mèche de leurs cheveux à l’analyse par le laboratoire Kudzu Science de leur contamination par les phtalates pour lancer le départ d’un projet de sensibilisation sur les risques sanitaires liés cette famille emblématique de perturbateurs endocriniens et montrer qu’il est possible de réduire l’exposition de la population.
Revue de presse
➜ La CPTS Asclépios cherche les phtalates dans les têtes / espaceinfirmier.fr / 01/07/2021
L’ANALYSE DE CHEVEUX POUR RENDRE VISIBLE LA POLLUTION INVISIBLE
Pour mieux sensibiliser aux risques invisibles et inodores des perturbateurs endocriniens, cette opération vise à évaluer la présence de 9 phtalates (DEHP, DiNP, DiDP, DiBP, BBP, DnBP, DEP, DMP, DnOP), les mesures portant sur les molécules elles-mêmes.
Les analyses ont ainsi révélé la présence de 6 phtalates, dans les prélèvements des 14 participant.e.s volontaires, avec des différences allant de 1 à 117 pour le DiDP, de 1 à 57 pour le DEHP.
Cette grande variabilité de contamination selon les participant.e.s témoigne de la possibilité d’atteindre de faibles niveaux d’exposition compte tenu de l’élimination rapide des phtalates.
Ces résultats sont cohérents avec les études Esteban et Elfe de Santé publique France, qui ont déjà mis en évidence une contamination totale de la population et plus particulièrement des enfants.
Ces « substances extrêmement préoccupantes » ne devraient pas se trouver dans les cheveux, en raison des mesures d’interdiction ou de limitation prises depuis plusieurs années pour 7 d’entre eux.
Le DEHP est classé reprotoxique et cancérogène par la réglementation (REACH et CLP); le DiNP, le DiPP et le DnOP le seront vraisemblablement car ils sont déjà interdits dans les jouets par une directive européenne de 2005. Par ailleurs, quelques phtalates échappent à la réglementation, dont 2 retenus (DMP et DEP) pour l’opération alors que les preuves scientifiques sont suffisamment solides pour les éliminer de notre environnement.
Les phtalates sont en particulier à l’origine de la progression d’au moins 8 maladies infantiles : asthme, déficit d’attention-hyperactivité (TDAH), troubles cognitifs, troubles du langage, reproduction (puberté précoce et volume testiculaire), obésité, hypothyroïdie et MIH (défaut de formation de l’émail des dents qui touche de 15 à 20 % des enfants de 6 à 9 ans et favorise les caries).
Bonne nouvelle : il est possible de réduire de façon très importante la contamination compte tenu de l’élimination rapide des phtalates par l’organisme humain (quelques heures seulement).
Agissons pour identifier les sources d’exposition proches de nous et pour les éliminer.
Pour cette opération le Réseau Environnement Santé a travaillé avec le laboratoire IRES Kudzu Science, accrédité depuis 2015 par le COFRAC : https://www.kudzuscience.com/. Les échantillons de cheveux (prélevés par le RES en utilisant les kits fournis par le laboratoire) ont été analysés par chromatographie en phase liquide couplée à une détection par spectrométrie de masse en tandem (LC/MSMS) et par chromatographie en phase gazeuse couplée à une détection par spectrométrie de masse en tandem (GC/MSMS.)
LE « BIOMONITORING » : UN SUPPORT POUR EXPLIQUER ET MOBILISER
Pour lutter contre la contamination par les perturbateurs endocriniens, se concentrer sur les phtalates permet une communication positive car ces substances sont éliminées en quelques heures par l’organisme. Agir pour éliminer les sources d’exposition permettra ainsi des bénéfices relativement rapides en matière de santé publique.
Les résultats de analyses sont un bon support pour engager une démarche de sensibilisation des professionnels de santé participants directement à l’opération et par effet domino de la population et de tous les acteurs de santé du territoire sur les risques sanitaires liés aux perturbations endocriniennes en démontrant que nous sommes tous directement concernés par cette pollution cachée et ses conséquences.
Plus précisément, cette action de sensibilisation de la CPTS Asclépios est construite sur 3 temps :
1) La présente opération zéro phtalates.
2) Une soirée de formation par le Dr Pierre Souvet, cardiologue et fondateur de ASEF, sur le rôle de prévention des CPTS sur le sujet des perturbateurs endocriniens
3°) Un facebook live à destination de la population intitulé « les endo quoi ? »
RÉDUIRE LA CONTAMINATION À LA SOURCE
Omniprésents dans notre quotidien les phtalates soulèvent depuis longtemps de nombreuses préoccupations et sont devenus emblématiques de la lutte contre les perturbateurs endocriniens. Principalement utilisés en tant que plastifiants des PVC, on les retrouve également dans l’alimentation, l’environnement intérieur, les cosmétiques, les dispositifs médicaux et les médicaments, les vieux jouets en plastique… Ils sont aussi une source de contamination de l’écosystème et participent à la chute de la biodiversité sur l’ensemble de la planète. Des phtalates ont même été trouvés sur les fourmis d’Amazonie !
➜ Une brochure grand public avec des conseils pratiques pour réduire son exposition globale aux perturbateurs endocriniens a récemment été réalisée par la Région Centre-Val de Loire. Des conseils sont aussi donnés sur agir-pour-bebe.fr