Le dimanche 13 février le Réseau Environnement Santé (RES), et des associations du Collectif Inter-associatif pour la Santé Environnementale (CISE), sont allés soutenir les familles des enfants victimes de cancers devant le Ministère de la Santé. Ce rassemblement s’est inscrit dans une globalité d’actions autour de la Journée Internationale du cancer de l’enfant du mardi 15 février. Le RES est notamment intervenu le 14 février à l’occasion d’une table ronde à l’Assemblée Nationale consacrée à la prévention des cancers pédiatriques, et le 16 février lors du 5ème Colloque Grandir Sans Cancer & Assemblée Nationale.
13 FÉVRIER : RASSEMBLEMENT DEVANT LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ
A l’initiative du Collectif « Stop aux cancers de nos enfants », les familles, associations, et leurs soutiens sont rassemblées le dimanche 13 février devant le Ministère de la Santé. pour porter haut et fort la lutte contre les cancers pédiatriques et rendre hommage à ces milliers d’enfants atteints de cancers hier, aujourd’hui, dans l’espoir qu’il y en ait plus aucun demain.
Les prises de paroles ont portées sur :
🎗les traitements de l’enfant, peu adaptés
🎗la recherche scientifique, ses avancées et ses besoins
🎗les causes
🎗les dons de vie (sang, plasma, plaquettes, moelle osseuse)
🎗le soutien aux familles pendant la maladie, statut de parent protégé
🎗les séquelles à court, moyen et long terme pour ces enfants.
André CICOLELLA, Président du RES, a rappelé que les causes environnementales sont identifiées : pesticides, pollution atmosphérique et solvants pendant la grossesse et quelques temps avant, mais le phénomène progresse de 1% par an depuis bientôt 50 ans. A population égale, selon les chiffres de la CNAM, entre 2003 et 2019 ceux-ci ont progressé de 14%, d’autres maladies infantiles comme les maladies cardiovasculaires ont progressé encore plus vite sur cette période + 42 %, diabète +66 % ….La progression est encore plus forte chez les 20-39 ans : cancer +39 %, MCV +57 % , diabète + 96 %…. Une telle progression ne peut, par principe, s’expliquer par le vieillissement, c’est bien l’environnement qui est en cause. Il y a urgence de développer une politique de santé environnementale pour stopper cette épidémie.
En savoir plus
➜ https://stopauxcancersdenosenfants.fr/
• Article de France 3 Pays de la Loire
• Marie THIBAUD (Collectif « Stop aux cancers de nos enfants ») sur le plateau de France 3 Pays de la Loire
• Article de Ouest France
• Article dans Libération « Les cancers pédiatriques en mal de prévention«
La bourde du Ministère de la Santé sur les réseaux sociaux
Malheureusement le message officiel annonçant cette journée du 15 février s’est transformé en une liste de conseils à suivre, publiée sur les comptes Facebook et Twitter du Ministère, pour réduire les risques de développer un cancer chez l’enfant : Pratiquer une activité physique régulière, Avoir une alimentation diversifiée et équilibrée, Surveiller son poids, Eviter les expositions aux rayonnements UV,…
En aucun cas chez l’enfant cette liste est pertinente. Pire encore, cette liste laisserait entendre que les parents ou les enfants eux-mêmes pourraient avoir une responsabilité directe dans le cancer. Face au tollé provoqué et aux milliers de réactions de colère chez les familles et associations, le Ministère a finalement retiré après plusieurs heures son infographie de ses comptes Facebook et Twitter.
➜ En savoir plus dans l’article de Care news
14 FÉVRIER : TABLE RONDE À L’ASSEMBLÉE NATIONALE CONSACRÉE À LA PRÉVENTION DES CANCERS PÉDIATRIQUES
André CICOLELLA, Président du RES, est intervenu à l’Assemblée Nationale lors d’une table ronde intitulée « sur l’invitation de Sandrine JOSSO et Michel LAUZZANA députés et co-présidents du groupe Cancer de Assemblée Nationale. Des échanges fructueux entre députés, chercheurs et associations.
Le RES a notamment rappelé que les cancers pédiatriques sont une sentinelle de la santé environnementale et que « La faute à pas chance » n’est plus un argument suffisant pour des familles qui s’engagent sur le terrain pour en comprendre les causes. La recherche préventive, celles des causes des cancers pédiatriques, doit trouver sa place auprès de la recherche curative. Entre 2003 et 2019, la démographie des 0-19 ans n’a augmenté que de 3% en France. Les affections de longues durée touchant les enfants ont évolué sur la même période comme suit :
➡️cancers : + 18%
➡️maladies cardiovasculaires : +47%
➡️diabète : +71%
Le fondement scientifique du modèle de l’OMS devrait être reconsidéré car il ne correspond pas à la compréhension actuelle de la biologie du cancer (Cf Projet HALIFAX).
16 FÉVRIER : 5ÈME COLLOQUE GRANDIR SANS CANCER & ASSEMBLÉE NATIONALE
Mme Laurianne ROSSI (Questeure de l’Assemblée nationale, Députée des Hauts-de-Seine), M. Paul CHRISTOPHE (Député du Nord), Mme Béatrice DESCAMPS (Députée du Nord) et les représentants de la Fédération Grandir Sans Cancer organisent le mercredi 16 février 2022 dès 9h avec un accès par visioconférence un nouveau colloque « cancers pédiatriques Assemblée Nationale » dédié à la lutte contre les cancers et maladies graves de l’enfant.
Cet événement a rassemblé en ligne de nombreux députés, associations, chercheurs et professionnels de santé engagés dans ce combat pour la vie des enfants avec un zoom sur des sujets phares : le financement supplémentaire de 20 millions d’euros pour la recherche sur les cancers de l’enfant, la problématique de la prévention et des questions environnementales, les problématiques des traitements et enfin la mission gouvernementale confiée par le 1er Ministre Jean CASTEX au député du Nord Paul CHRISTOPHE.
La Fédération Grandir Sans Cancer est à l’origine des colloques Cancers Pédiatriques à l’Assemblée Nationale. Depuis 2018, ceux-ci ont contribué, d’une façon inédite et transpartisane, à obtenir des avancées majeures. Stéphane VEDRENNE rappelle que, concernant le financement, sous l’impulsion de Grandir Sans Cancer, une quinzaine de députés avaient déposé des amendements en octobre 2021 visant à augmenter les moyens fléchés à la recherche sur les cancers pédiatriques, dans la cadre de la loi de finances. L’amendement le plus ambitieux, porté par la députée UDI Béatrice DESCAMPS l’a emporté. Depuis le 1er janvier 2022, ce sont donc 20 millions d’euros qui ont été ajoutés à la recherche sur les cancers de l’enfant, en plus de 5 M€/an présents depuis 2018. Il est à noter que cet amendement a été voté d’une façon transpartisane par les élus UDI et centristes mais aussi LaREM, AGIR, France Insoumise, Républicains …
En savoir plus :
➜ https://www.grandirsanscancer.com/
• Article de Care news
PÉTITION DU CISE : NOUS VOULONS VIVRE EN BONNE SANTÉ SUR UNE PLANÈTE SAINE
Avec 2 500 à 3 000 cas de cancers chez l’enfant chaque année, les cancers pédiatriques représentent la première cause de mortalité par maladie des enfants en Europe. Il est donc difficile de parler d’une « maladie rare », d’autant que la progression des cancers de l’enfant au cours des 20 dernières années est manifeste.
Le nombre d’enfants touchés par un cancer est en augmentation depuis 20 ans
La Caisse nationale d’Assurance Maladie relevait 3 033 cas de cancers pédiatriques en 2019 contre 2 566 cas en 2003. La progression a ainsi été de 18 % entre 2003 et 2019 quand la population de cette tranche d’âge n’a augmenté que de 3 % sur la même période (source Insee), soit une progression de l’incidence de cas de cancers de l’enfant 6 fois plus rapide que la démographie de la tranche d’âge 0-19 ans. Selon l’Institut national du Cancer et l’OMS, seuls 5 % à 10 % des cancers pédiatriques sont liés à une prédisposition génétique. De plus en plus d’éléments scientifiques mettent en lumière le fait que certaines maladies de l’adulte et de l’enfant trouveraient leur origine dès le stade fœtal du fait de l’action combinée des stress chimiques, nutritionnels et psychoaffectifs. Alimentation, air, eau, lieux de séjour, objets de la vie quotidienne, jouets, et même lait maternel, tous les compartiments et moments de la vie préconceptuelle, in utero et de la périnatalité sont susceptibles de contribuer à ce drame sans nom. Les facteurs en cause sont multiples et susceptibles de se conjuguer dans un cocktail délétère : pesticides, polluants industriels, particules et fibres, champs électromagnétiques…
Les études scientifiques laissent peu de doutes sur les causes environnementales
Les résultats de la grande enquête nationale ESTEBAN (étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition) révélés le 1er juillet 2021, décrivent l’exposition et la présence d’une vingtaine de métaux (arsenic, cuivre, mercure…) dans l’organisme des adultes et des enfants. Ils montrent que 100 % des enfants présentent une contamination au plomb, au cadmium, à l’arsenic ou encore à l’antimoine. En 2019, la même enquête montrait que les enfants étaient tous imprégnés par les perturbateurs endocriniens : bisphénols (A, F et S), phtalates, parabènes, éthers de glycol, retardateurs de flamme et composés perfluorés, à des niveaux supérieurs à ceux des adultes. Après l’analyse de 5 300 études, l’Inserm a publié en juin 2021 une expertise collective sur les pesticides qui indique que « les études sur les cancers de l’enfant permettent de conclure à une présomption forte de lien entre l’exposition aux pesticides de la mère pendant la grossesse ou chez l’enfant et le risque de certains cancers (leucémies et tumeurs du système nerveux central) ». Or, le 16 décembre 2021, les résultats de l’enquête ESTEBAN sur les pesticides montraient la présence chez la moitié des enfants de substances aujourd’hui interdites comme le lindane. En 2019, l’ANSES a réitéré ses conclusions de 2010 sur l’association possible entre l’exposition aux champs électromagnétiques basses fréquences et le risque à long terme de leucémie infantile, ainsi que sa recommandation de ne pas implanter de nouvelles écoles à proximité des lignes à très haute tension. Le lien entre les clusters de cancers pédiatriques et l’environnement ne fait plus de doute mais en l’absence de recherche spécifique sur les causes de ces cancers et sur l’ « effet cocktail » des substances et facteurs toxiques, la preuve scientifique est difficile à avancer.
Des efforts de recherche nécessaires et des données manquantes
Le Collectif Inter-associatif pour la Santé Environnementale appelle ainsi à systématiser les investigations de terrain en santé environnementale dans les lieux de regroupements de cas de cancers pédiatriques en tenant compte des avancées de la recherche en santé environnementale et en sciences participatives. En retour, il est nécessaire de faire progresser la recherche en santé environnementale à partir de ces investigations de terrain et de leur compilation. Par ailleurs, seuls 19 départements de France métropolitaine sur 95, soit 24 % de la population, sont couverts par des Registres du cancer pour les adultes et les données transmises par Registre National des Cancers de l’Enfant (RNCE) s’arrêtent en 2014. Ce manque de données fiables, notamment territoriales, est d’autant plus déplorable qu’il contrevient aux recommandations de l’Union européenne et de l’OMS et devient un moyen pour les lobbys des pesticides de « fabriquer du doute » face aux affirmations consensuelles de la communauté scientifique sur le lien entre les pesticides et la survenue de cancers pédiatriques. Une meilleure prise en considération de la santé environnementale permettrait d’éviter ou de réduire la survenue et l’incidence de ces maladies graves, au cœur de l’épidémie de maladies chroniques dénoncée par l’OMS Europe dès 2006 puis par l’Organisation des Nations unies (ONU) en 2011 et 2018. L’Union européenne a d’ailleurs fixé l’objectif de « Zéro pollution » en 2050, avec des objectifs de réduction partielle dès 2030.