Près de 1000 études montrent la toxicité du Bisphénol A, mais L’EFSA continue de nier l’évidence !
L’EFSA a publié aujourd’hui son dernier avis sur l’exposition au bisphénol A (BPA). Celui-ci, comme les précédents, conclut qu’aux niveaux actuels d’exposition, le BPA ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs de tous les groupes d’âge (y compris les enfants à naître, les nourrissons et les adolescents).
L’EFSA continue ainsi de nier l’évidence. La stratégie du doute mise en place par l’EFSA consistant à ignorer 95% du millier d’études publiées montrant une toxicité du BPA vise à maintenir l’idée qu’il existe une incertitude quant à la dangerosité réelle du BPA. Ce faisant, l’agence ne tient pas compte des progrès de la science depuis deux décennies en niant le changement de paradigme toxicologique imposé par les perturbateurs endocriniens. « L’EFSA trahit la mission qui est celle d’une agence en charge de protéger la santé des Européens » estime André Cicolella, président du Réseau Environnement Santé.
Ce changement de paradigme, c’est principalement l’effet à faibles doses pendant la période sensible qu’est la gestation. L’EFSA fixe la nouvelle dose journalière admissible (DJA) à 4 µg/kg de pc/jour (microgrammes par kilogramme de poids corporel par jour). Cette DJA est issue d’une vieille étude, par ailleurs financée par l’industrie chimique, qui n’a pas étudié l’effet des faibles doses.
Rappelons que l’agence française, l’ANSES a, au contraire, tenu compte de la littérature récente et proposé dans son rapport de 2013, sur la base de la mise en évidence de tumeurs mammaires chez les souris exposées pendant la gestation [1] une DJA de 25 ng/kg/j, soit 160 fois plus faible que celle de l’EFSA.
Il est temps que les gouvernements européens et le parlement européen agissent pour réformer l’EFSA et faire en sorte que celle-ci respecte les critères de la déontologie scientifique dans ses avis. « Il faut nettoyer les écuries d’Augias » conclut André Cicolella.
[1]. Moral R, Wang R, Russo IH, Lamartiniere CA, Pereira J, Russo J. Effect of prenatal exposure to the endocrine disruptor bisphenol A on mammary gland morphology and gene expression signature. J Endocrinol. 2008 Jan;196(1):101-12.