Si on la compare avec la précédente tenue en 2012, la table ronde Santé Environnement en 2014, est marquée incontestablement par la reconnaissance de l’importance de la place de la Santé environnementale dans une politique de santé. Le changement de paradigme en santé, c’est passer d’une politique de santé basée sur le soin à une politique de santé qui intègre la santé environnementale, c’est-à-dire l’action sur tous les facteurs susceptibles d’impacter la santé. « La Ministre de la Santé a acté, se félicite André Cicolella, président du RES, le fait que sa Loi Santé, qui doit passer au Parlement début janvier, devait inclure un volet santé environnement ».
Autre fait marquant, le consensus autour du concept d’exposome. Exposome, le mot est récent, (il a été créé en 2006 par le directeur du Centre International de Recherche sur le Cancer, Christopher Wild) et encore peu connu (la ministre de la recherche a avoué qu’elle ne l’avait découvert que récemment). L’exposome, c’est en effet la connaissance de l’exposition de la population à tous les facteurs d’environnement et tout au long de la vie. Cette connaissance de l’exposome est essentielle pour comprendre l’origine des grandes maladies chroniques qui font aujourd’hui 98 % des causes de mortalité en France et 70 % dans le monde. Il est scientifiquement démontré en effet qu’un grand nombre de maladies trouvent leur origine dans l’exposition aux stress environnementaux pendant la gestation. C’est objectivement un enjeu de recherche aussi important que le décryptage du génome.
La recherche devrait être stimulée en conséquence, mais les 2 propositions du RES visant à créer d’une part un Institut de Veille Environnementale pour collecter les données de pollution et d’exposition, d’autre part à structurer l’Institut Français de Recherche en Environnement Santé pour développer la recherche sur le lien santé environnement n’ont pas été retenues. De même la proposition d’une plate-forme pour les Technologies propres et sûres pour aider au transfert de procédés respectueux de la santé n’a pas été retenue alors que l’exemple du Bisphénol A montre la nécessité de développer l’innovation par la santé.
Point positif : la ministre de l’écologie a réaffirmé la position française en matière de perturbateurs endocriniens à Bruxelles, c’est-à-dire la gestion par le danger et non pas par le risque. Cela veut dire qu’on ne peut pas gérer par la dose la question des perturbateurs endocriniens ; c’est une rupture par rapport à la réglementation classique. La question Santé et Biodiversité est officiellement admise comme partie prenante de la santé environnementale. Mais par ailleurs la demande formulée par le RES d’éliminer les perturbateurs endocriniens des produits entraînant une exposition du grand public n’a pas été prise en compte.
Le principe de la formation des professionnels de santé et des professionnels de l’environnement (ingénieurs, architectes, urbanistes etc.) est acté mais aucune mesure précise n’a été définie. Autre carence : aucune décision en matière de financement spécifique de la politique de santé environnementale.
On ne doit pas cependant nier l’intérêt de mesures concrètes comme la prime au remplacement des vieux diesel, mais fait significatif c’est aussi la seule mesure que le Premier ministre a retenu dans son discours de clôture en matière de santé environnementale. Si la France veut être le pays de l’excellence environnementale, selon le vœu du président de la République, le gouvernement doit clairement développer une politique plus lisible en matière de santé environnementale.