L’OMS estime que les causes infectieuses expliquent 18 % des causes de cancers dans le monde, soit 2 millions de cas par an, mais 26 % dans les pays à faible revenu et 8 % dans ceux à revenu élevé. Le cancer du foie est la 3e cause de cancer dans le monde, avec une prévalence de 16 à 32 fois plus élevée dans les pays en voie de développement que dans les pays développés. Il est dû principalement à des causes infectieuses (hépatite B) et chimiques, comme l’aflatoxine, la substance chimique produite par le champignon Aspergillus Flavus, qui se développe sur la nourriture contaminée comme le maïs et l’arachide. En comparaison de la population générale, le risque relatif est 73 fois plus élevé en cas d’effet combiné aflatoxine et virus de l’hépatite B contre 11,3 pour le virus seul et 6,4 pour l’aflatoxine seule. On voit, avec cet exemple, comment contamination chimique et infectieuse peuvent se potentialiser.
Baisse des défenses immunitaires
L’aflatoxine a aussi la caractéristique de diminuer les défenses immunitaires. Un exemple spectaculaire a été mis en évidence par une équipe de scientifiques britanniques travaillant en Gambie, ex- colonie britannique d’Afrique de l’Ouest. Ils ont suivi 472 enfants entre 6 et 9 ans dont 93 % avaient un marqueur biologique de l’imprégnation (adduit aflatoxine- albumine). Plus ce lien était fort, plus la sensibilité aux infections était forte, ce que mesurait le lien Immunoglobuline A salivaires- Adduits. Plus les mères avaient des adduits à l’aflatoxine, plus l’impact sur les enfants était important en termes de taille et de poids.
Les scientifiques n’en sont pas restés au stade du constat et ont mené une étude d’intervention en comparant l’évolution de la contamination entre deux types de villages selon que des mesures avaient pu être prises en termes de stockage. Cinq mois après l’intervention, le nombre de personnes sans adduits était de 20 % dans les villages où des mesures avaient été prises contre 2 % des personnes dans les villages témoins.
D’autres molécules, créées par l’homme cette fois, concourent aussi à la baisse des défenses immunitaires comme les PCB. Ils sont interdits depuis les années 1970, mais ils continuent de contaminer l’écosystème. On a observé chez les Inuits, grands consommateurs de viande de mammifères marins, une augmentation des infections respiratoires chez les enfants liée à leur contamination pendant la grossesse.
Les trois principales maladies infectieuses, sida, tuberculose, paludisme, ont commencé à régresser, mais les menaces de nouvelles maladies restent vraisemblables. Elles peuvent être aggravées par les conséquences du mode de développement actuel, agriculture intensive et déforestation, contamination chimique et réchauffement climatique. Les maladies infectieuses et non infectieuses ne peuvent donc pas être considérées séparément, comme une vision classique tend à le faire croire.