Le modèle opérationnel des « éco-supporters »
Le modèle opérationnel des « éco-supporters » a été créé en 2006 en tant qu’action concrète du programme de durabilité écologique de la ville d’Helsinki. Il s’agit d’un modèle opérationnel développé pour promouvoir la sensibilisation à l’environnement sur le lieu de travail. Des éco-supporters sont nommés et formés pour les communautés de travail afin de promouvoir le travail pour un meilleur environnement. Les écosupporters donneront des instructions et motiveront leurs collègues de travail pour qu’ils travaillent en faveur de l’environnement. Ils se focalisent sur les questions environnementales, réduisent la pollution environnementale au travail, modifient les procédures opérationnelles standard dans un sens plus respectueux de l’environnement et de la santé.
Le travail des éco-supporters consiste notamment à formuler des instructions de recyclage pour les différents lieux de travail, à diffuser des informations et à soulever des questions environnementales lors de réunions.Les opérations commencent par un examen préliminaire de la situation générale, qui sert ensuite de base à l’élaboration d’un plan d’action. Les éco-supports peuvent également contribuer à la formulation et à la mise en œuvre de plans environnementaux.
Les étapes de la démarche d’éco-support :
- Notre organisation s’engage à promouvoir la responsabilité environnementale.
- Nous nommons et formons des éco-supports dans notre communauté de travail.
- Nous soutenons les éco-supporters et leurs activités.
- Nous nous informons sur l’état de l’environnement et identifions nos propres possibilités de l’influencer.
- Nous économisons l’énergie et l’eau.
- Nous évitons la production de déchets, nous recyclons et nous trions.
- Nous prêtons attention aux aspects environnementaux lors de nos achats.
- Nous encourageons les transports durables.
- Nous prenons en compte les activités de soutien écologique dans notre planification, nos opérations et nos évaluations.
- Nous assurons la continuité de l’activité d’écosupport.
Ekotuki et VTSPE
Pour « Ekotuki » les municipalités jouent un rôle clé dans la création d’un environnement sûr et sain. Les municipalités peuvent réduire la charge de substances dangereuses dans l’environnement urbain. Ces principes sont proches de ceux de la charte Villes et Territoires Sans Perturbateurs Endocriniens (VTSPE) lancée en 2017 par RES, ou les collectivités locales jouent un rôle particulier. Outre leur capacité à toucher l’ensemble des citoyens, elles disposent du levier économique de la commande publique et peuvent agir sur les pratiques des professionnels au niveau local (petite enfance, bâtiment, entretien, restauration collective, santé, etc.).
Au niveau local, de nombreuses collectivités se saisissent de la question des perturbateurs endocriniens via le RES et passent à l’action sur leur territoire. La charte est une démarche qui vise à stimuler et valoriser les initiatives territoriales (communes, intercommunalités, départements, régions), l’échange et la (co)construction de pratiques, dans le cadre de différentes politiques publiques déjà existantes. Cette charte facilite l’inclusion des collectivités signataires dans la dynamique et la complexité de la lutte contre les perturbateurs endocriniens, y compris la hiérarchisation des priorités, et à différentes échelles. L’objectif est de montrer qu’il est possible de faire reculer les maladies chroniques, induites par les phtalates, dans un délai assez rapproché à condition d’identifier les sources d’exposition et d’agir pour les éliminer. La charte permet un échange des collectivités avec le RES mais également des collectivités entre elles. Cette charte à trois objectifs principaux : informer et former, réduire l’exposition de la population, et protéger la population et les écosystèmes de l’exposition aux perturbateurs endocriniens en lien avec l’objectif d’Ekotuki. Grâce à la mise en œuvre de l’expérience finlandaise, RES serait en mesure de réduire efficacement l’exposition de la population en la sensibilisant et en modifiant ses comportements. De plus, cela créera un outil pour former les municipalités à réduire l’exposition à plus grande échelle.
L’action par la commande publique est un point clé de la charte. Elle permet de laisser l’initiative et la place aux collectivités pour agir efficacement sur leur territoire en fonction de leurs acteurs et leurs enjeux. C’est en cela que le modèle Ekotuki et la charte VTSPE se rejoignent, ces deux dispositifs enjoignent à des actions concrètes et rapidement efficaces dans la lutte contre les perturbateurs endocriniens. C’est une démarche proche du concept de « bottom-up », qui part du terrain et qui peut rapidement se retrouver sur l’ensemble du territoire et devenir la norme, en forçant les acteurs du bâtiment, de la restauration collective, de la santé, de la petite enfance… à s’adapter pour respecter les critères de la commande publique.
Des mesures efficaces visant à réduire l’exposition à la pollution chimique quotidienne peuvent prévenir la progression de nombreuses maladies chroniques résultant de l’exposition pendant la grossesse, à commencer par les maladies infantiles telles que le TDAH ou l’asthme. Par exemple, une étude publiée dans le JAMA Pediatrics conclut qu’une réduction de 50 % de l’exposition des femmes enceintes aux phtalates entraîne une diminution de 12 % du nombre de naissances prématurées. Rien qu’en France, cette réduction s’élèverait à 7 200 cas par an. En outre, une réduction de 90 % de la contamination par ces substances pourrait même entraîner une réduction de 35 % des naissances prématurées.
VTSPE et la Sensibilisation
Information du grand public
Des brochures grand public, avec des conseils pratiques pour réduire son exposition globale, ont été réalisées, en partenariat avec le RES, par la Région Centre-Val de Loire et par le Département du Tarn. Des conseils sont aussi donnés sur agir-pour-bebe.fr
Sensibilisation aux Perturbateurs Endocriniens
Dans les lycées franciliens Lancé grâce à la volonté politique et au soutien financier de la Région Ile-de-France, ce projet, proposé par le RES dans le cadre de la charte VTSPE, a été construit sur la base de la méthode pédagogique de la rechercheaction participative et s’effectuera auprès d’environ 200 élèves au sein de 7 lycées distincts, publics ou privés, répartis sur les différents territoires de la Région Ile-de-France (urbains, ruraux, ZEP). Cette méthode permet aux élèves d’être sujets et acteurs de leur propre sensibilisation. Le projet pédagogique vise à venir aborder directement en classe, auprès des élèves, la thématique des PE et de leur proposer d’effectuer une expérimentation scientifique lors de laquelle les élèves pourront analyser leurs propres expositions à ces substances. Pour se faire une technique innovante de mesure de l’exposition via le port de bracelets en silicone a été développée en partenariat avec le laboratoire Kudzu Science.
Quel effet les substances chimiques peuvent-elles avoir sur la santé ?
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la Santé comme :
« Un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. »
De nombreuses études médicales et scientifiques ont prouvé que des substances toxiques sont une explication de la forte augmentation de nombreuses pathologies ces dernières décennies. C’est pourquoi, un facteur essentiel et critique pour protéger notre santé est un environnement sain, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, dépourvu de substances chimiques toxiques.
De nombreux articles couramment utilisés tels que les plastiques à usage unique, les emballages alimentaires en plastique, les bouteilles, les canettes, les jouets, les textiles, les revêtements de sol, les meubles, les cosmétiques et les détergents de nettoyage peuvent libérer des substances dangereuses dans l’environnement intérieur.
Si ces substances sont libérées, les résidents d’un foyer peuvent les inhaler via l’air et la poussière. Elles peuvent être ingérées avec les aliments et les boissons ou absorbées par contact cutané.
Les substances nocives sont également libérées dans l’environnement extérieur à partir des déchets, de l’air intérieur pollué qui se diffuse à l’extérieur, des eaux usées.
La pollution extérieure, telle que l’eau, l’air et les aliments contaminés (par exemple, du poisson contaminé), a à nouveau un impact sur la santé et le bien-être humains. Cette boucle de rétroaction accroît le risque d’effets sur la santé.
Trois principales voies d’exposition aux substances nocives : l’inhalation, l’ingestion et l’absorption transdermique. Les substances chimiques ne sont pas seulement détectées dans l’environnement, mais aussi dans notre organisme : dans le sérum sanguin, l’urine, la salive, le sperme, la sueur et le liquide amniotique.
Impact sur la santé de l’exposition aux substances nocives
Divers produits chimiques libérés à l’intérieur ont un impact négatif sur notre santé, augmentant le risque des maladies liées au mode de vie les plus courantes telles que l’obésité, l’infertilité, le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires et les cancers.
De plus, l’exposition est également liée à des naissances prématurées et à la puberté, au TDAH et à l’autisme, ainsi qu’à des perturbations de la thyroïde et de l’endométriose. L’exposition à de telles substances chimiques peut entraîner une diminution du quotient intellectuel dans l’ensemble d’une population.
Par exemple, il a été calculé que l’exposition aux retardateurs de flamme les plus couramment utilisés dans l’électronique ou les meubles, tels que les PBDE (interdits en 2009), était associée à une diminution de 3,70 points de QI. Dans une analyse réalisée à partir de données de l’UE, il a été estimé que chaque point de QI perdu réduisait les gains à vie de 17 363 euros. L’estimation la plus conservatrice des coûts de santé liés à l’exposition aux perturbateurs endocriniens est de 163 milliards d’euros chaque année en Europe.Le large éventail de risques de maladies graves résulte des divers mécanismes d’action et
d’impact des substances chimiques.
Le mélange de substances auxquelles nous sommes exposés quotidiennement.
Des milliers d’articles scientifiques et médicaux ont prouvé l’impact négatif de certaines substances nocives sur la santé humaine. Cependant, nous devons être conscients que nous ne sommes pas exposés à une seule substance, mais à un mélange de différents composés dans diverses concentrations chaque jour.
On estime qu’une femme européenne moyenne utilise environ 15 produits cosmétiques différents par jour, contenant des centaines de produits chimiques qui pénètrent dans notre corps. Les risques liés à un tel mélange de produits chimiques sur notre santé ont été rarement étudiés. Par conséquent, les effets de leur action, les risques d’effets secondaires et de maladies peuvent être bien plus graves que pour une seule substance chimique.
Les PE ne sont pas des substances comme les autres
L’Endocrine Society, Société internationale d’Endocrinologie, est devenue la société savante de référence au niveau mondial en matière de perturbateurs endocriniens. Elle va jouer un grand rôle pour alerter la société et les responsables politiques sur l’enjeu des PE et la nécessité de mettre en œuvre des politiques de protection. Dans sa première déclaration en juin 2009, elle remettait en cause le paradigme classique de la toxicologie « la dose fait le poison » (énoncé par l’alchimiste suisse allemand Paracelse au XVIe siècle) et formalisait le nouveau paradigme des perturbateurs endocriniens autour de cinq points :
Période et durée de l’exposition
L’exposition constante (ce qui signifie, en fait, dans la vie quotidienne) à différentes substances chimiques augmente le risque de maladies liées au mode de vie. Tout comme la mer qui détruit lentement, jour après jour, le rocher morceau par morceau, les produits chimiques peuvent perturber progressivement le bon fonctionnement de notre organisme.
Le moment de l’exposition est également crucial. Les femmes enceintes et les enfants sont plus vulnérables. Les jeunes enfants sont également généralement plus exposés (effet main-bouche et absorption de substances nocives présentes dans la poussière).
Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) et le Haut Conseil de la Famille de l’Enfant et de l’Age (HCFEA) ont émis en date du 15/10/19 un « Avis relatif aux données de recherche et études sur la santé et le développement global de l’enfant » et recommande en conclusion :
« Un effort de recherche accru doit porter sur les effets des perturbateurs endocriniens et le développement global des enfants. »
Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) et le Haut Conseil de la Famille de l’Enfant et de l’Age (HCFEA)
Les groupes les plus vulnérables à l’exposition
Nous sommes tous exposés à des substances nocives dans la vie quotidienne. Grâce à la coopération du foie et des reins, notre organisme peut éliminer les contaminants du corps si la dose d’exposition n’est pas trop élevée ou prolongée. Cependant, certaines substances nocives peuvent s’accumuler dans les tissus adipeux et être stockées plus longtemps dans notre organisme.
Certaines personnes devraient être particulièrement prudentes en raison de leur vulnérabilité à des effets secondaires graves. Les groupes particulièrement protégés devraient être les femmes enceintes, les nouveau-nés, les bébés, car leur exposition a un impact significatif sur les risques pour la santé. L’exposition la plus critique concerne les femmes enceintes, car les substances nocives peuvent migrer à travers le placenta jusqu’au fœtus et augmenter le risque de troubles du développement tels que le cryptorchidisme ou l’hypospadias. Le cryptorchidisme est le défaut de descente d’un ou des deux testicules dans le scrotum. L’hypospadias est une variation courante du développement fœtal du pénis dans laquelle l’urètre ne s’ouvre pas à partir de son emplacement habituel.
De plus, elles pourraient également influencer les changements épigénétiques de l’ADN, ce qui augmentera le risque de maladies liées au mode de vie non seulement chez la première, mais aussi chez la troisième génération. Les changements épigénétiques modifient l’activation de certains gènes, mais pas la séquence du code génétique de l’ADN. L’exposition d’une mère est également corrélée au diagnostic du syndrome du TDAH et de l’autisme chez ses enfants. Les nouveau-nés et les bébés nécessitent une attention particulière car leur organisme en pleine croissance est vulnérable aux substances nocives et aux perturbations de l’homéostasie, qui est le processus permettant de maintenir un environnement interne stable dans le corps malgré les changements dans l’environnement externe. De plus, ils ont généralement une charge chimique plus élevée pour une dose donnée que les adultes, car ils ont une absorption intestinale plus élevée et consomment, boivent et respirent davantage par rapport à leur poids corporel que les adultes.
L’exposition d’une femme enceinte à des substances nocives a un impact sur les effets secondaires et le risque de maladies liées au mode de vie chez les premières, deuxièmes et troisièmes générations.
Par conséquent, ils peuvent être exposés à des substances nocives via le lait maternel (la mère exposée transfère directement ces substances du corps au lait après l’exposition ou la libération de substances qui se sont accumulées dans les tissus adipeux précédemment.
Changement de paradigme en santé publique : la période pré-conceptionnelle et les 1000 premiers jours, une opportunité de prévention précoce en santé
Jusqu’à présent, la majorité des études ont examiné les impacts « immédiats » d’une pollution environnementale, en ignorant le « parcours de vie », et le potentiel de « transmission » des effets à la prochaine génération. Le risque de maladie chronique augmente le long d’une trajectoire tout au long de la vie, ce qui contraste avec les modèles basés sur les maladies infectieuses. La composition corporelle et l’alimentation des parents influencent, dès la période préconceptionnelle, le développement de l’enfant et la future santé de l’adulte via des mécanismes épigénétiques qui permettent d’archiver les effets de l’environnement. Le caractère flexible de ces mécanismes permet d’envisager une prévention d’autant plus efficace qu’elle sera précoce. En effet, l’environnement, dans lequel l’embryon, le fœtus et le jeune enfant se développent, a des conséquences non seulement sur sa santé et son bien-être mais également sur sa santé à l’âge adulte, voire même sur celle de ses descendants. La société internationale et la société francophone DOHAD plaident pour une refondation de la politique de santé publique autour de la protection de la période des 1000 jours, tout comme l’OMS, en mettant en avant que les gains de santé à attendre pour l’ensemble de la société sont plus importants que ceux découlant du modèle actuel.
Quelles actions peuvent être engagées ? Guide for Chemical Smart Public Procurement – un outil efficace à suivre
L’activité des éco-ambassadeurs sera basée sur l’initiative produite par l’Université des sciences appliquées de Turku (University of Applied Sciences) (TUAS) « Guide for Chemical Smart Public Procurement » dans le cadre de la mise en œuvre du projet NonHazCity. Le consortium de partenaires et d’associés NonHazCity se compose d’un groupe de neuf municipalités et d’organisations d’experts de la région de la mer Baltique qui ont pris la responsabilité de trouver de nouveaux moyens de lutter contre le grand nombre d’émissions de substances chimiques dangereuses. Le secteur public, y compris les municipalités, joue un rôle clé dans la création d’un environnement sûr et sain. Les municipalités peuvent réduire la charge de substances dangereuses dans l’environnement urbain. L’objectif de ce guide est de fournir des informations, de souligner la nécessité d’un soutien politique et d’aider les fournisseurs et autres acteurs concernés à comprendre pourquoi les marchés publics sont un outil important et comment ils peuvent être utilisés pour réduire la présence de substances dangereuses dans l’environnement urbain. Ce guide fournit des informations générales sur les raisons pour lesquelles les municipalités devraient réduire les substances dangereuses, il présente des outils concrets de réduction des substances et montre comment les utiliser. Le guide des éco-ambassadeurs français est basé sur l’outil et l’expérience finlandais.