Rapport ECOD :
Agir contre les perturbateurs endocriniens, une piste de prévention
de l’obésité et du diabète à explorer d’urgence
Le Réseau Environnement Santé publie aujourd’hui le rapport ECOD qui dresse un panorama des données scientifiques disponibles sur les liens entre l’épidémie d’obésité et de diabète et l’exposition aux polluants chimiques.
Nous sommes aujourd’hui confrontés à une épidémie de maladies métaboliques.
L’Organisation Mondiale de la Santé estime à près de 700 millions le nombre de personnes obèses d’ici à 2015, avec une augmentation de 75% en 10 ans. En France, selon l’étude ObEpi (2009), 32% des plus de 18 ans, soit 14 millions de personnes, sont en surpoids et 14,5%, soit 6,5 millions, sont considérées comme obèses, cette proportion ayant doublé entre 1997 et 2009.
Le diabète est une des conséquences majeures de l’obésité, mais a aussi ses causes propres. En France, son incidence a presque doublé entre 2000 et 2008 et atteint près de 1,8 millions de personnes. Le coût annuel supplémentaire du diabète est en France de 1 milliard d’euros.
Depuis les années 80, les pouvoirs publics ont mis l’accent sur les mesures hygiéno-diététiques pour lutter contre l’obésité et le diabète, une alimentation trop riche et une sédentarité accrue étant retenues comme les deux facteurs de l’épidémie. Mais cette politique ne parvient pas à enrayer la croissance des maladies métaboliques.
La pollution chimique apparait comme un facteur explicatif complémentaire.
Le rapport du RES « Évaluation du lien entre environnement chimique, obésité et diabète (ECOD) » dresse un panorama des nombreuses études scientifiques qui mettent en évidence l’action perturbatrice de polluants chimiques diabétogènes et obésogènes sur le métabolisme glucido-lipidique. Parmi ces substances, plusieurs polluants organiques agissent par un mécanisme de perturbation endocrine. « Le tissu adipeux ne peut plus être considéré comme un simple lieu de stockage de réserve calorique, mais doit être également considéré comme un organe sous contrôle hormonal. A ce titre, il est donc susceptible d’être aussi la cible des perturbateurs endocriniens » explique Gilles Nalbone, directeur de recherche émérite à l’INSERM et membre du RES.
La prévention doit aussi porter sur l’exposition chimique
Actuellement la dimension pollution chimique/obésité/diabète n’est prise en compte dans aucun des plans nationaux de santé publique : le Plan National Santé Environnement (PNSE) ne se préoccupe pas d’alimentation ; le Plan National Nutrition Santé et le Plan Obésité ne se préoccupent pas de la pollution chimique. « Notre rapport vise à intéresser les autorités sanitaires à cette piste encore ignorée : les données sont aujourd’hui suffisantes pour prendre en considération la pollution chimique comme un axe complémentaire de lutte contre l’épidémie d’obésité et de diabète » déclare André Cicolella porte-parole du RES ; « c’est aussi une pierre de plus dans le jardin des législateurs français et européens pour agir globalement sur les perturbateurs endocriniens ».
Il faut aussi se préoccuper de la protection des malades du point de vue de leur exposition aux substances obésogènes et diabétogènes. Ceci devrait faire l’objet de recommandations de la part de la Haute Autorité de Santé complémentaires des mesures hygiéno-diététiques classiques.