L’association Entraide aux Malades de Myofasciite à Macrophages (E3M) a entamé lundi 26 novembre une grève de la faim illimitée [1], que soutient sans réserve le Réseau Environnement Santé. En effet, après avoir épuisé toutes les ressources habituelles de la démocratie et constaté que les engagements de campagne ne se traduisaient pas dans les faits, E3M a estimé qu’il ne lui restait plus d’autre recours.
Si elle peut sembler radicale, cette forme de protestation répond à la brutalité d’une politique de santé qui, refusant de s’assainir et de se réformer pour prendre en charge les enjeux sanitaires contemporains, continue de raisonner selon un logiciel aux conséquences insupportables.
À l’origine de la crise, il y a une équipe de chercheurs français conduite par le Pr Gherardi, dont les résultats mettent en cause les sels d’aluminium contenus dans les vaccins. Résultat : l’ANSM, Agence censée veiller à la sûreté des médicaments et des dispositifs médicaux, refuse d’octroyer les financements qui permettraient la poursuite de ces études.
Le dysfonctionnement des agences sanitaires en général et de l’Agence du médicament en particulier est hélas un problème récurrent ; mais rarement il aura atteint un tel degré d’évidence. Comment l’Agence pouvait-elle mieux se désavouer qu’en barrant le passage à la recherche, dès lors que celle-ci commence à révéler la toxicité de l’adjuvant aluminique ?
Mais l’ANSM n’est pas seule en cause. La surdité du gouvernement, interpellé à plusieurs reprises, est consternante.
La myofasciite à macrophages, révélée en 1998 par le Pr Gherardi et son équipe dans la prestigieuse revue médicale The Lancet [2], est pour l’heure qualifiée de « maladie rare » ; mais elle ressemble étonnamment au syndrome de fatigue chronique (SFC), une pathologie très invalidante, elle aussi caractérisée par une fatigue anormale, des douleurs chroniques et des troubles cognitifs. Aussi peut-on raisonnablement émettre l’hypothèse que l’aluminium vaccinal serait en fait l’une des causes du SFC.
Le SFC concernerait 1 personne sur 100 [3]. Comment le gouvernement peut-il se désintéresser de l’origine d’une maladie grave aussi largement répandue – notamment quand cette origine pourrait être induite par le système de soins lui-même ?
Malheureusement, nous constatons une même désinvolture s’agissant d’une myriade de pathologies qui forment entre elles un continuum, et que l’on peut ensemble qualifier d’« hypersensibilités » ou de « syndrome de détresse corporelle ». Parmi elles, relevons notamment (outre le SFC) la fibromyalgie, le syndrome de l’intestin irritable, le syndrome post traumatique, le syndrome de la guerre du Golfe, la sensibilité chimique multiple ou le syndrome d’intolérance aux champs électromagnétiques… Toutes ces affections se caractérisent par une détresse de l’organisme dans des conditions où la plupart des individus n’accusent aucune souffrance. L’exposition à un effort, à un stress, à un agent chimique ou physique se manifeste, chez les sujets touchés, par des symptômes non spécifiques qui conduisent, à mesure que leur gravité progresse, vers une véritable désaffiliation sociale.
La littérature scientifique sur le sujet commence à devenir importante. Non sans raison : prises ensemble, la prévalence de ces maladies atteint aisément 5 % [4].
Pourtant, en France, la recherche les concernant est dérisoire.
Pourtant la formation des médecins à ce sujet, quasi inexistante, condamne les malades à une éprouvante errance médicale ainsi qu’à des psychiatrisations abusives.
Pourtant les efforts restent très en deçà du nécessaire, si l’on souhaite préserver l’environnement dans lequel évolue une société de plus en plus atteinte par ces hypersensibilités.
Les autorités se contentent de nier le problème, profitant à la fois de l’absence de savoirs qu’elles entretiennent en refusant de financer la recherche, ainsi que des contours incertains de chacune de ces maladies. Nous demandons a contrario au gouvernement de les considérer toutes ensemble et les aborder résolument, selon une approche spécifique, en leur consacrant un plan « Maladies Environnementales Émergentes ».
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[1]. http://myofasciite.fr/ [2]. Gherardi RK, Coquet M, Chérin P, Authier F-J, Laforêt P, Bélec L, Figarella-Branger D, Mussini J-M, Pellissier J-F, Fardeau M. Macrophagic myofasciitis: an emerging entity. The Lancet, Volume 352, Issue 9125, Pages 347 – 352, 1 August 1998. [3]. van’t Leven M, Zielhuis GA, van der Meer JW, Verbeek AL, Bleijenberg G. Fatigue and chronic fatigue syndrome-like complaints in the general population. Eur J Public Health (2010) 20 (3): 251-257. [4]. Lavergne MR, Cole DC, Kerr K, Marshall LM. Functional impairment in chronic fatigue syndrome, fibromyalgia, and multiple chemical sensitivity. Can Fam Physician. 2010 Feb;56(2):e57-65.