Paris, le 25 octobre 2012,
L’ANSES a rendu son avis sur l’étude menée par Gilles-Eric Séralini et son équipe sur le maïs OGM de Monsanto NK603 et le Round-up. L’ANSES reconnaît la quasi-absence d’études menées sur la durée de vie des animaux, qu’il s’agisse des PGM ou du Round up, mais néanmoins conclut que « les résultats de l’étude tels que publiés aujourd’hui ne sont pas de nature à remettre en cause les conclusions des évaluations précédentes sur le maïs NK603 et sur l’herbicide ROUND-UP ».
Comment se fait-il :
• Que l’ANSES ne remette pas en cause les évaluations précédentes sur le maïs NK603, alors même qu’elle reconnaît qu’elles ont été faites sur une durée limitée et qu’elle se réfère toujours au « principe d’équivalence en substance » ? Rappelons que ce principe postule qu’une PGM est équivalente à la plante conventionnelle, sans que la démonstration n’en ait jamais été faite. C’est justement l’enjeu.
• Que cette absence criante d’études sur 2 ans n’ait pas été relevée plus tôt par l’agence et que celle-ci se soit contentée des essais à 90 jours fournis par Monsanto ?
• Que l’ANSES en déduise qu’il faille attendre les résultats de nouveaux essais c’est-à-dire au minimum 3 ans et laisser un risque potentiel pendant ces 3 ans ? C’est l’opposé du principe de précaution.
Cette attitude incohérente de l’ANSES n’est pas un cas isolé comme le montrent 2 exemples d’actualité :
• Bisphénol A : L’ANSES n’a commencé à se soucier des effets des faibles doses du bisphénol A qu’à partir du moment où le Réseau Environnement Santé a montré que l’expertise de l’ANSES (ex AFSSA) rejetait 95% des études publiées pour ne retenir que les études menées selon le protocole obsolète des BPL (Bonnes Pratiques de Laboratoire). Aujourd’hui l’ANSES n’a toujours pas publié de DJA (Dose Journalière Admissible) basée sur les effets aux faibles doses et n’a pas publiquement invalidé la DJA de l’agence européenne basée sur les études BPL à fortes doses. Elle continue d’ailleurs de se référer à ce protocole BPL alors qu’il ne correspond plus à l’état actuel de la science.
• Aspartame : l’ANSES a contesté les 3 études de l’Institut Ramazzini montrant un effet cancérogène de l’aspartame après une exposition sur la durée de vie des rongeurs, et notamment dans une étude après exposition dès la gestation, mais n’a toujours pas invalidé les études SEARLE qui servent de base à l’actuelle DJA de l’aspartame, alors que ces études datant de 1973 et 1974 n’ont JAMAIS été publiées dans une revue scientifique. Pire, un rapport de la FDA (Food and Drug Administration) publié en 1977 (le rapport Bressler) a mis en évidence des fraudes manifestes dans la conduite de ces études (par exemple, animaux remis dans l’expérience après enlèvement de leur tumeur). Ainsi des fraudes manifestes et une absence de publication n’ont pas conduit l’ANSES à invalider la DJA issue de ces études.
Ces exemples illustrent la nécessité d’une loi de protection de l’alerte et de l’expertise et plus particulièrement la nécessité d’une Haute Autorité de l’Alerte et de l’Expertise dont la mission serait :
1) de définir la déontologie de l’expertise et de la faire appliquer
2) de protéger les lanceurs d’alerte
C’est le sens de la proposition de loi déposée par les sénateurs EELV que soutiennent la Fondation Sciences Citoyennes et le Réseau Environnement Santé.