Le Réseau Environnement Santé, l’ADVEPP (Association des Victimes des Émanations de Perchloroéthylène des Pressings) et Générations Futures se félicitent de la décision du Gouvernement d’interdire l’utilisation du perchloroéthylène à compter du 1er mars 2013 pour les installations nouvelles. Cette décision confirme la dangerosité de cette substance chimique et le bien-fondé de l’alerte lancée par nos associations.
Cependant pour les anciens pressings les délais accordés jusqu’en 2022, sont démesurément longs au vue de l’urgence sanitaire. On peut estimer que 100 000 à 200 000 personnes sont exposées en France aux vapeurs de perchloroéthylène dans les centres commerciaux et les appartements jouxtant une installation de nettoyage à sec. Aucune mesure concrète n’est prise pour assurer une protection immédiate de tous les riverains et employés de pressings. Il n’existe en effet aucun bâtiment actuel, capable d’empêcher la propagation des émanations de perchloroéthylène. La raison économique ne peut justifier à elle seule d’aussi longs délais, aux dépens de la santé des personnes exposées.
Depuis 2001, les rapports successifs de l’INERIS ont alerté les gouvernements sur les risques pour les riverains liés aux émanations des pressings. Dès lors que les autorités ont eu connaissance de ces risques, elles se devaient d’en informer les citoyens. Il est nécessaire aujourd’hui de mettre en place un dispositif d’information systématique auprès des riverains, comprenant des mesures dans les locaux habités et dans les locaux voisins dans le cas de centres commerciaux, ainsi qu’un examen médical et un dosage sanguin, comme cela a été recommandé par le Haut Conseil de la Santé Publique [1].
Il est prévu de suspendre l’activité des pressings qui induiraient chez les riverains des concentrations supérieures à 1250 µg/m3, alors même que l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis a diminué en février 2012 sa valeur limite environnementale à 40 µg/m3 sur la base du caractère cancérogène et non cancérogène du perchloroéthylène [2]. Rien ne peut justifier un tel écart de 1 à 30.
Nos associations recueillent les témoignages de salariés de cette profession, qui éprouvent d’énormes difficultés à obtenir une reconnaissance de maladie professionnelle, pour les cancers, atteintes neurologiques, hépatiques… Le gouvernement doit prendre position sur cette question.
Le RES, l’A.D.V.E.P.P. et Générations Futures demandent au plus vite à rencontrer Mme Batho, Ministre de L’Ecologie et du Développement Durable, afin d’obtenir un arrêt plus rapide du perchloroéthylène dans les 4800 pressings restants, en se basant sur des raisons sanitaires et non sur des enjeux économiques. La région Rhône Alpes a déjà substitué le procédé au perchloroéthylène dans la moitié des établissements. Cela prouve qu’il est possible de faire disparaître cette substance plus rapidement. C’est une urgence de santé publique.
La responsabilité de l’Etat sera à l’évidence engagée en cas d’atteinte grave de la santé de tous les riverains et des travailleurs qui vont continuer durant ces dix années, à être exposés au perchloroéthylène.
[1]. www.hcsp.fr/explore.cgi/hcspr20100616_techloethespclos.pdf [2]. http://www.epa.gov/iris/subst/0106.htm