—MARDI 30 OCTOBRE 2018
Agrégats de malformations sur 3 territoires : une première victoire, reste a garantir un système de surveillance renforcé sur l’ensemble du territoire et le maintien de l’équipe du REMERA
- Delphine Batho (ancienne ministre de l’écologie, députée, GE)
- André Cicolella (Chimiste, toxicologue, lanceur d’alerte, président du Réseau Environnement Santé)
- Philippe Even (Professeur de médecine, pneumologue, ancien président de l’Institut Necker)
- Caroline Fiat (députée, LFI)
- Romain Gherardi (Neuropathologiste, Hôpital Henri Mondor, Créteil)
- Corinne Lepage (ancienne Ministre de l’Environnement, présidente de Justice Pesticides)
- Michèle Rivasi (députée européenne EELV, biologiste agrégée et normalienne, spécialiste des questions de santé publique et de santé environnementale)
- Sophie Taille-Polian (sénatrice, Génération-s)
Madame la Ministre,
Depuis plusieurs semaines les 7 cas d’enfants nés sans bras ou sans mains dans l’Ain entre 2009 et 2014 et l’alerte donné par l’épidémiologiste du REMERA (registre des malformations en Rhône Alpes) restent sans explication et montre les carences de notre démocratie sanitaire et de notre système de surveillance.
Deux autres territoires sont concernés : entre 2007 et 2008, 3 enfants sont nés en Loire Atlantique avec le même type de malformations ; entre 2011 et 2013, 3 autres enfants sont nés avec des malformations génitales graves dans la région de Lorient.
Nous nous félicitons que votre gouvernement ait pris ses distances avec les insatisfaisantes conclusions du 4 octobre de Santé Publique France et que vous trouviez « insupportable que ces cas groupés soient restés sans explications ».
Sous la pression médiatique et celle des politiques et des familles de victimes, votre gouvernement nous a donné partiellement raison en demandant notamment une étude à l’Anses comme nous l’exigions pour examiner les hypothèses environnementales (pesticides, autres facteurs de pollution environnementale).
Nous souhaitons que cette étude soit réalisée par des équipes scientifiques indépendantes et qui n’ont pas été parties prenantes des positions de Santé publique France et de l’INSERM justifiant l’arrêt des investigations sur les causes de ces malformations.
Reste maintenant à renforcer la surveillance des malformations sur l’ensemble du territoire (seul 1/5eme du territoire est aujourd’hui couvert) en soutenant des structures et les registres régionaux (dont vous avez reconnu Madame la Ministre de la Santé le rôle d’utilité sociale et scientifique) et notamment le Remera (registre des malformations en Auvergne / Rhône-Alpes) et en maintenant l’épidémiologiste Emmanuelle Amar et son équipe en poste. Nous demandons d’ailleurs à l’INSERM de confirmer sa volonté de soutenir financièrement le REMERA. Nous demandons aussi clairement l’arrêt de la procédure de licenciement qui a été engagée. A ce jour, elle est toujours en cours.
Merci d’avance Madame la Ministre d’oeuvrer en ce sens. Il est temps d’en finir avec le défaut d’information et de transparence sur les données de santé et l’usage qui en est fait par les autorités publiques. C’est cela qui explique la multiplication des scandales sanitaires, la faillite de notre système de surveillance et les critiques répétées et légitimes sur la démocratie sanitaire.
Il est temps également de renforcer l’évaluation de l’impact sanitaire des produits chimiques et des pollutions de toute nature et d’améliorer la protection des femmes enceintes et des enfants.
Nous attendons aussi la sortie de la deuxième phase de la stratégie nationale par rapport aux perturbateurs endocriniens et les moyens financiers qui vont avec.
Nous restons à votre entière disposition pour échanger avec vous de ce dossier.
Nous vous prions de croire, Madame la Ministre en l’assurance de notre parfaite considération.
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