Dans une tribune publiée dans Le Monde du 24 décembre, 22 organisations* interpellent le ministre Bruno Le Maire, pour qu’il rende effective au plus vite la suspension de l’additif alimentaire E171, composé de dioxyde de titane**. Malgré un engagement fort du gouvernement et des parlementaires, Bercy se livre à un blocage jugé inacceptable par les co-signataires, qui demandent l’application sans plus tarder de cette mesure importante de santé publique.
C’est la première fois qu’autant d’organisations de domaines différents (consommation, alimentation, environnement, famille, santé) s’expriment publiquement et unanimement sur le sujet. Susceptible d’être source de toxicité, de problèmes immunitaires voire de cancer colorectal, le dioxyde de titane alimentaire doit être suspendu par un arrêté ministériel de Bercy. Au printemps, le gouvernement s’était engagé à ce qu’avant fin 2018 les denrées alimentaires vendues en France ne contiennent plus de E171. Les parlementaires ont conforté cette décision en la gravant dans le marbre de l’article 53 de la loi alimentation (c’est même l’une des seules mesures soutenues par les associations à avoir été sauvegardées dans le texte final de la loi).
Mais le Ministère de l’Economie bloque le processus. Lors d’une réunion du comité de dialogue nano de l’agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) fin novembre, les représentants de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ont expliqué que Bercy n’a pas l’intention de rédiger l’arrêté pour l’instant ; il n’y aurait selon eux “pas de danger grave ou immédiat ». Alors que les alertes scientifiques sur le dioxyde de titane s’accumulent et que les fabricants freinent l’évaluation des risques liés à cette substance sans aucune vertu nutritionnelle, ce rétropédalage de Bercy est jugé inacceptable par les organisations signataires qui en appellent à la cohérence et au courage politiques afin que le gouvernement suspende le E171 au plus vite, le temps de lever les incertitudes sur son innocuité.
** Le dioxyde de de titane est utilisé notamment comme additif alimentaire (E171) pour colorer ou faire briller les aliments – particulièrement ceux consommés par les enfants. Composé en partie de nanoparticules, 10 000 fois plus petites qu’un grain de sel, il n’a . Si l’agroalimentaire l’a beaucoup utilisé dans de nombreux produits (bonbons, chewing-gums, chocolats, pâtisseries, sauces, etc.), elle a commencé à le supprimer ou le remplacer. Certaines bûches de Noël en contiennent encore, mais déjà beaucoup moins que l’année dernière.