Pensée magique. Dans son dernier éditorial, le Président de l’Ordre National des Chirurgiens Dentistes (ONCD) estime qu’à l’instar du nuage de Tchernobyl qui s’arrête à nos frontières, l’effet délétère des amalgames dentaires sur les écosystèmes s’exercerait partout ailleurs… mais pas en France ![1]
Il lui semble en effet que les séparateurs d’amalgames installés dans les cabinets dentaires suffisent à résoudre tout problème.[2] C’est oublier que les porteurs d’amalgames rejettent du mercure en continu dans l’environnement (urines, selles) ; que la petite souris ramène rarement les dents de lait obturées au mercure dans les cabinets dentaires afin qu’elles soient convenablement traitées ; ou encore que les patients finissent tôt ou tard par mourir et qu’il n’est pas dans nos usages de leur arracher les dents avant la mise en bière.
Les faits. En 2001, un rapport sénatorial relevait que la question du devenir du mercure dentaire lors des crémations « pouvait passer pour inconvenante ou anecdotique avant d’être sérieusement étudiée en Suisse (premier pays à avoir adopté un seuil limite d’émissions mercurielles), en Suède (où l’on estime que « les crématoriums sont les plus grands responsables des émissions de mercure») et au Royaume-Uni (où l’on a constaté que « les employés des crématoriums sont soumis à une forte exposition au mercure ») ».[3] Une étude épidémiologique britannique a également montré un risque significativement accru de malformations chez les nouveau-nés dont les mères résident à proximité de crématoriums.[4]
Le coût. Pour parer à cet important problème environnemental et sanitaire, la Lettre Légibase État Civil du 7 janvier 2014 rappelle que « tous les crématoriums devront être pourvus avant le 16 février 2018 d’un système de filtrage afin de ne pas dépasser une certaine quantité de polluants (métaux lourds dont le mercure provenant des amalgames dentaires…) contenus dans les fumées rejetées dans l’atmosphère lors des opérations de crémation. »[5] La route sera longue, puisque « seuls 34 crématoriums sur les 182 qui seront opérationnels en 2015, soit 19 %, seront équipés de ce système de filtrage. »
Dans la grande majorité des villes disposant d’un crématorium, les équipes municipales nouvellement élues au printemps 2014 auront donc à charge d’assurer une mise aux normes dont le coût, précise la Lettre, dépasse en moyenne les 450 000 €. Si l’on s’en tient à ce chiffre de 450 000 € et qu’on le multiplie par le nombre de crématoriums (182 à ce jour, mais ce nombre augmente très vite), on calcule rapidement que le mercure dentaire – rien que pour les crématoriums – aura coûté aux Français environ 82 millions d’euros d’ici à quelques années !
Ce fardeau reposera de fait sur les citadins et sur les familles endeuillées.
La solution. Pour notre part, afin que soit respecté le principe du pollueur-payeur, nous serions tentés d’adresser la note à l’Ordre des dentistes.