6 associations, dont le Réseau Environnement Santé, écrivent au nouveau Ministre français de l’Agriculture, M. Julien Denormandie, pour lui demander de soutenir le non-renouvellement du fongicide toxique Mancozèbe lors de la réunion des représentants des gouvernements européeens le 16 juillet.
Objet : Vote des 16 et 17 juillet au sein du Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et de l’alimentation animale (ScoPAFF) sur le non-renouvellement de l’autorisation du fongicide Mancozèbe. Soutien de la France à la proposition de la Commission européenne.
Copie à Madame Pompili, Ministre de la Transition écologique
Monsieur le Ministre de l’Agriculture,
Nous vous écrivons au nom des associations suivantes : Justice Pesticides, Générations Futures, Réseau Environnement Santé, Wecf France, Phyto-Victimes, FNAB, France Nature Environnement, pour vous demander de soutenir la proposition de la Commission européenne (CE) de ne pas renouveler l’autorisation du fongicide Mancozèbe, compte tenu de son identification par l’EFSA comme substance présentant six domaines critiques d’inquiétude.
Selon l’ordre du jour du comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et de l’alimentation animale de l’UE (ScoPAFF) pour sa réunion des 16 et 17 juillet, et à la suite d’échanges de vues antérieurs au sein de ce comité, les États membres de l’UE seront invités à adopter une opinion sur la proposition de la CE pour le non-renouvellement de l’autorisation du mancozèbe.
Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir confirmer que la France soutiendra fermement la proposition la Commission de non-renouvellement de l’autorisation de cette substance et rendra son vote public.
Dans son avis de 2019, l’EFSA a identifié six « domaines critiques d’inquiétude », c’est-à-dire six raisons pour lesquelles le mancozèbe ne devrait pas être autorisé par l’UE, parmi lesquelles le fait qu’il s’agit d’un pesticide perturbateur endocrinien complet, qu’il est classé comme toxique pour la reproduction et qu’il présente des risques élevés pour les oiseaux, les mammifères, les arthropodes non ciblés et les macro-organismes du sol. Le fait d’être toxique pour la reproduction et/ou perturbateur endocrinien est un élément suffisant pour interdire l’utilisation de la substance.
Le Comité pour l’évaluation des risques (RAC) de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a classé le mancozèbe comme « toxique pour la reproduction, catégorie 1B » (R1B) en raison de la gravité des malformations cérébrales observées chez la descendance, causées par son métabolite ETU. La classification du mancozèbe comme pesticide reprotoxique signifie, conformément au règlement 1107/2009, annexe II, 3.6.4, que tout contact avec l’homme est interdit, ce qui revient presque à une interdiction du produit.
Malgré la faiblesse des données à l’appui de son autorisation, le mancozèbe a déjà bénéficié d’une prolongation de son autorisation à quatre reprises entre 2013 et 2019. En 2019, le Parlement européen a adopté une objection au prolongement de son autorisation en plénière. Pendant ce temps, les êtres humains et l’environnement continuent d’être exposés à cette substance toxique.
L’utilisation du mancozèbe est loin d’être indispensable en agriculture. La culture de variétés résistantes est la meilleure alternative au mancozèbe et à d’autres fongicides. Pour les pommes de terre, par exemple, il existe plusieurs dizaines de variétés disponibles, avec des résistances différentes aux champignons Phytopthora. L’agriculture biologique utilise les variétés ayant la meilleure résistance (et une récolte précoce pour éviter Phytopthora). D’autres pratiques agricoles, telles que la distance entre les plantes ou le choix de champs venteux, sont également utiles pour remédier aux problèmes de champignons. Pour certains champignons, des alternatives de lutte biologique non chimique sont également disponibles.
Vous trouverez ici une brochure détaillant les dangers du mancozèbe, réalisée par PAN-EU.
La vision de l’UE étant d’évoluer vers des pratiques agricoles plus durables, nous comptons sur votre soutien pour enfin interdire l’utilisation de cette dangereuse substance pesticide dans la production de nos aliments.
Nous vous serions reconnaissants de nous indiquer la position du gouvernement français lors de cette réunion du ScoPAFF des 16 et 17 juillet prochain.
Veuillez agréer, Monsieur le ministre, l’expression de nos sentiments respectueux.
Arnaud Apoteker, Délégué Général, Justice Pesticides
François Veillerette, Directeur, Générations Futures
André Cicolella, Président, Réseau Environnement Santé
Véronique Moreira, Présidente, Wecf France
Antoine Lambert, Président, Phyto-Victimes
Sophia Majnoni d’Intignano, Déléguée générale, FNAB
Arnaud Schwartz, Président, France Nature Environnement