Six polluants, des perturbateurs endocriniens, sont présents dans l’organisme de tous les Français, selon une étude publiée mardi. André Cicolella, chimiste et toxicologue, analyse les risques pour la santé, et notamment pour les enfants.
C’est une étude édifiante publiée mardi par Santé publique France. Selon l’organisme, six polluants sont présents dans l’organisme de tous les Français (bisphénols, phtalates, parabènes…). Alors que le gouvernement a présenté sa feuille de route contre les perturbateurs endocriniens, le toxicologue André Cicolella alerte sur les dangers pour la santé, en particulier pour les enfants. « Les enfants sont davantage contaminés », assure le chimiste, interrogé mardi soir sur Europe 1.
« L’enjeu, c’est la contamination pendant la grossesse. C’est ce qui est déterminant pour la santé de l’enfant, du futur adulte et des descendants. Les petits pots pour bébés sont par exemple contaminés, même en verre. Les jouets également, surtout anciens », s’inquiète le chercheur. « Selon plusieurs études sur le bisphénol, au niveau de contamination actuelle de la population humaine, vous induisez chez les fils, les petits-fils et les arrière-petits-fils infertilité et baisse de la qualité du sperme. En France, un homme a perdu en 50 ans deux spermatozoïdes sur trois. Il n’y a pas d’autres explications que ces perturbateurs endocriniens. »
Ces six polluants sont présents dans de nombreux produits du quotidien, ce qui rend quasiment impossible de s’en prémunir. « Ils sont dans les vêtements, les cosmétiques, les sols en PVC, les aliments, les médicaments… C’est une contamination générale, et le problème ce sont les conséquences sur la santé. Le bisphénol est aujourd’hui interdit dans les biberons et les conserves, mais il y a d’autres sources », explique André Cicolella.
Le chercheur livre tout de même quelques consignes pour atténuer l’impact de ces polluants. « Il faut que chaque citoyen gère au mieux son environnement, et en priorité les femmes enceintes. En s’alimentant avec du bio, on élimine déjà une contamination par un certain nombre de pesticides. Il y a des mesures d’hygiène simples, comme passer l’aspirateur ou aérer son logement », conseille André Cicolella.