La Commission Européenne voulait prolonger de 15 ans l’autorisation du glyphosate en s’appuyant sur un avis de l’agence européenne EFSA qui estimait « improbable » le risque cancérogène alors même que le CIRC (Centre International de Recherche contre le Cancer) avait au contraire considéré que les preuves scientifiques existantes permettaient de classer le glyphosate comme cancérogène probable.
Devant l’opposition d’une majorité d’États réunissant la majorité qualifiée (55% des Etats membres représentant 65% de la population de l’UE) lors de la réunion du comité d’experts représentant les 28 États membres, la Commission Européenne a préféré ne pas soumettre au vote sa proposition. La bataille n’est pas terminée puisque l’échéance pour renouveler l’autorisation du glyphosate expire fin juin et qu’une nouvelle réunion du comité d’experts est prévue les 18 et 19 mai.
Néanmoins, il faut saluer la position des gouvernements, en premier lieu, la France, la Suède et l’Italie qui ont su entendre la demande de l’opinion publique et entrainé cette situation de blocage du plan de la Commission Européenne.
Un coup de chapeau aussi aux 96 scientifiques qui ont eu le courage de prendre position clairement sur cette question en parlant de « tromperie inacceptable » à propos des positions de l’agence européenne EFSA et de l’agence allemande BfR.
Tout cela a été possible parce que les ONG ont réussi une mobilisation citoyenne d’envergure. « Cette affaire du glyphosate montre que quand la science s’appuie sur la demande sociale, il est possible de faire reculer les lobbies ».
« Ce succès doit conduire la France à continuer à jouer un rôle leader en matière de Perturbateurs Endocriniens et à obtenir de la Commission une définition conforme aux connaissances scientifiques actuelles, définition que la Commission reporte sans raison valable depuis décembre 2013 » conclut André Cicolella.