La 7ème conférence ministérielle sur l’environnement et la santé organisée par l’OMS Europe, s’est tenue les 5-7 juillet 2023 à Budapest pour mieux définir les priorités des Etats membres de l’Union Européenne sur la triple crise du changement climatique, de la perte de biodiversité et de la pollution de l’environnement. Une déclaration officielle à été signée à l’issue, et multiples parties prenantes ont été invitées à intervenir lors de ces 3 journées pour faire entendre leurs priorités. Du côté de la société civile, l’alliance européenne pour la santé environnementale (HEAL) tient depuis 20 ans un rôle particulier dans la préparation de ces événements. Julia Heinze, chargée de mission au RES, a suivi ces échanges via la délégation de HEAL et a eu l’occasion de présenter l’activité du RES avec le support de posters et de brochures.
Session » Répondre aux effets de la pollution de l’environnement sur la santé »
Cette session s’est principalement concentrée sur la nécessité de prendre en compte les différents facteurs affectant la santé, notamment la qualité de l’air extérieur, la qualité de l’air intérieur, la qualité de l’eau et les agents pathogènes potentiels présents dans l’eau. En ce qui concerne les produits chimiques, les intervenants ont rappelé la nécessité d’améliorer la gestion des données, de renforcer la collaboration et d’améliorer les processus réglementaires. Il a été souligné que l’industrie chimique doit fabriquer des produits moins dangereux, qui soient sûrs et durables dès leur conception. L’industrie doit prendre ses responsabilités en matière de sécurité des produits chimiques et rechercher des solutions de remplacement sans risque.
Frank Louwen, Président de l’European Board and College of Obstetrics and Gynecology a rappelé que les PFAS ont un impact considérable sur l’épigénétique et le fœtus. Il a souligné l’importance des connaissances des experts, des médecins, et les a invités à participer aux conférences qui sont régulièrement organisées par les experts de la santé de la La Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique (FIGO).
Genon Jensen, la directrice de HEAL, a appelé à la promotion, à la protection et à la reconnaissance de l’environnement en tant que facteur clé du bien-être comme défini par l’OMS. Elle a présenté ses trois messages clés:
- Zéro dommage dû à la pollution – les groupes vulnérables, les enfants et les personnes confrontées à des inégalités devraient être mieux protégés.
- Zéro argent pour la pollution – parce que l’argent public ne doit pas être utilisé pour payer notre facture de santé.
- Zéro retard dans la lutte contre la pollution – parce que nous sommes déjà en retard.
Les effets de la pollution sur la santé s’accumulent. Il faut que la pollution ne soit pas nocive, que la pollution ne soit pas financée et que l’arrêt de la pollution ne soit pas retardé. Les pollueurs doivent assumer le coût de leurs actions. HEAL demande aux ministres d’agir en interdisant les produits chimiques nocifs, en veillant à ce que les gens aient de l’air pur et en nettoyant la pollution existante.
https://www.env-health.org/heal-urges-ministers-to-step-up-on-action-against-pollution-climate-change-and-biodiversity-loss/Elle a rappelé qu’il est urgent de mettre fin aux effets nocifs de la pollution sur la santé et a demandé aux Ministres de l’environnement et de la santé de redoubler d’efforts, notamment en interdisant les PFAS, en appliquant les lignes directrices de l’OMS et en éliminant les PE des produits de soins personnels.
Session parallèle sur la politique de santé et “zero pollution” qui à presenté les idées et les résultats de plusieurs initiatives de recherche financées par l’UE:
En raison de la nécessité de protéger la santé des citoyens contre les effets de la dégradation de l’environnement, l’Union européenne a mis en place de programmes, d’objectifs stratégiques et d’actions réglementaires. Signe Ratso, directrice générale adjointe de la DG Recherche et innovation de la Commission européenne, a déclaré :
« Vivre et travailler dans un environnement sain est un facteur crucial pour notre santé et notre bien-être (…) L’UE finance depuis longtemps des projets de recherche ambitieux dans le domaine de l’environnement et de la santé, créant lentement mais sûrement une base de connaissances que les décideurs politiques peuvent utiliser pour élaborer une législation efficace qui nous protège toutes et tous. Il est impératif que nous poursuivions ces efforts à l’avenir ».
https://www.humanexposome.eu/news/the-who-europe-ministerial-conference-on-environment-and-health-putting-a-spotlight-on-the-benefits-of-exposome-research-for-policy-action/
Tout au long de la conférence, les partenaires du réseau européen sur l’exposition humaine ont souligné les contributions importantes des initiatives de recherche de l’UE pour lutter contre la pollution et préserver la santé publique :
- European Partnership for the Assessment of Risks from Chemicals (PARC) – vise à mettre en place un système de recherche et d’innovation pour soutenir l’évaluation des risques chimiques à l’échelle européenne et nationale, dans le but de contribuer à la mise en œuvre de la stratégie de l’UE en matière d’évaluation des risques chimiques (EU’s Chemicals Strategy for Sustainability towards a Toxic-free Environment).
- En janvier 2019, huit projets Horizon 2020 portant sur de nouvelles méthodes d’essai et de dépistage des perturbateurs endocriniens ont été lancés → European Cluster to Improve Identification of Endocrine Disruptors (EURION) avec des nouvelles méthodes permettant
- d’identifier les PE. Ils ont publié un document dans lequel sont formulées des recommandations sur la manière de transformer les connaissances issues des progrès de la recherche sur les perturbateurs endocriniens en actions nécessaires pour gérer leurs risques.
- Les résultats des projets seront pris en compte dans le Endocrine Disruptor Screening and Testing Programme of the OECD.
Intervention d’Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé sur la session consacrée au changement climatique et à la biodiversité
La ministre mentionne les progrès de la politique de santé et d’environnement en France, tels que les zones à faibles émissions, une meilleure prise en charge des maladies grâce à une meilleure connaissance de la pollution et des risques, une meilleure prévention et une réduction des émissions dans les secteurs de l’industrie etc…Malgré elle rappelle qu’il y a plus de 1,4 million de décès par an dans la région européenne dus à des facteurs de risque environnementaux, en soulignant que la pollution de l’air est le plus important d’entre eux.
Elle a également souligné que la France est l’un des pays européens les plus engagés dans le lien entre santé et environnement. Depuis 2004, engagée dans un plan national santé environnement (PNSE), prenant en compte le lien entre santé et environnement à tous les niveaux du territoire et le développement de programmes de recherche. Elle prend également en compte, dans la stratégie nationale, l’approche « One Health » , et son soutien aux initiatives internationales telles que l’Alliance pour une action transformatrice sur le climat et la santé (ATACH). Annonçant la présence de la France à la prochaine journée dédiée à la Santé pendant la COP28 à Dubaï en décembre 2023 et sa détermination à soutenir les actions de lutte contre les causes de mortalité dans le monde (en mettant notamment l’accent sur l’état de l’environnement et en ne mentionnant pas trop les produits chimiques).
La signature d’une nouvelle Déclaration de Budapest. Les engagements signés dans le cadre de la décentralisation:
- mettre en place des actions visant à réduire les effets de la pollution sur la santé en se concentrant sur les facteurs environnementaux établis et émergents
- la mise en œuvre de l’approche « One Health » dans les politiques de l’environnement et de la santé
- s’engager à renforcer les liens entre l’environnement et la santé, notamment par une gouvernance forte en matière d’environnement et de santé, de recherche et d’innovation.
- la vigilance à l’égard des populations vulnérables
- Inclure la résolution 5/14 intitulée “End of plastic pollution- Towards an international legally binding instrument”
- Leverage the WHO Healthy Cities Network and the Regions for Health Network to develop demonstration projects and facilitate the exchange of knowledge and experiences
Élaboration de la feuille de route “Healthier people, a thriving planet and a sustainable future 2023-2030”, qui fait partie de la déclaration et décrit une série d’actions pour les États membres afin de faciliter la mise en œuvre de la déclaration. Sur la pollution de l’environnement :
- ils s’engagent à réduire les maladies causées par la pollution (pas de précision sur les types de maladies)
- ils s’engagent à mettre à jour les directives
- ils amélioreront la qualité de l’air à l’intérieur des bâtiments pour protéger la santé, en particulier celle des enfants et des autres groupes vulnérables, en réduisant les substances chimiques dans les matériaux de construction et d’ameublement des écoles
- élaborer et mettre en œuvre une réglementation préventive sur les produits chimiques et leurs mélanges aux niveaux national et régional, mais aussi au niveau international
- renforcer les efforts visant à réduire les émissions et les rejets de produits chimiques dans l’environnement, en particulier les produits chimiques persistants à vie et les perturbateurs endocriniens, par le biais de mesures législatives et autres visant à réduire l’exposition et le risque d’effets néfastes sur la santé
- promouvoir la mise en place et l’utilisation de la biosurveillance humaine en tant qu’instrument efficace pour aider à orienter les politiques et les actions visant à prévenir les effets des substances chimiques sur la santé par la réduction de l’exposition