Les mèches prélevées sur le maire Patrick Jarry et neuf adjoints permettront de mesurer la concentration de phtalates au cours des trois derniers mois. Le résultat des prélèvements sur les dix élus de Nanterre sera connu le 20 mai prochain. Date à laquelle la ville signera la charte « Ville et territoires sans perturbateurs endocriniens »
Une action visant à réduire l’exposition de la population
Le Réseau Environnement Santé a lancé l’opération « Zéro phtalates » dans le cadre de sa campagne « Villes et Territoires sans Perturbateurs Endocriniens » (VTSPE). La prise de conscience de l’imprégnation totale de la population aux perturbateurs endocriniens (PE) est primordiale, mais celle-ci doit éviter d’être anxiogène et doit au contraire donner envie d’agir. L’impact de l’exposition aux PE sur la santé humaine et celles des écosystèmes, n’est plus à prouver à travers notamment leur implication dans l’apparition des grandes maladies chroniques, principalement suite à une exposition pendant la grossesse.
Le rapport conjoint OMS-PNUE, publié en février 2013, qualifie les Perturbateurs Endocriniens de « menace mondiale à laquelle il faut apporter une solution ». En conséquence, la gestion du risque PE passe par leur élimination à la source le plus possible, ce qui correspond à l’objectif de la Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens adoptée en 2014, reconduite en 2019, de réduction de l’exposition de la population aux PE.
L’objectif zéro phtalates est possible car le corps ne stocke pas ces molécules
Plutôt que d’analyser un nombre important de PE, la proposition est de faire le focus sur la famille des phtalates. Les phtalates sont principalement utilisés en tant que plastifiants des PVC pour leur flexibilité et sont retrouvés dans de nombreux produits de consommations courantes. Le coût économique de l’infertilité et des malformations génitales masculines induites par deux phtalates (DEHP et DINP) a été évalué par l’ANSES à 16,4 millions d’euros en France et 110 millions d’euros en Europe. Leur élimination rapide par l’organisme (entre 8 et 48 heures) permet de tenir un discours d’action : il est possible de réduire l’exposition par la mobilisation. A contrario, mettre l’accent sur des PE persistants, risque d’être perçu de façon anxiogène s’il n’est pas envisageable de les éliminer facilement et rapidement.
Rendre visible la pollution invisible : les élus s’arrachent les cheveux pour sensibiliser et agir
Le cœur de cette « opération Zéro phtalates » repose sur une action symbolique de prélèvement de cheveux des élus pour élever le niveau de sensibilisation générale et intensifier l’action publique à tous les niveaux.
Le prélèvement de cheveux est non invasif, simple à mettre en œuvre avec l’obtention d’analyses rapides. C’est un échantillon stable et facile à transporter. À partir d’une simple mèche de cheveux d’environ 3 à 4 cm, il est possible de dresser le bilan de contamination sur les 3 à 4 derniers mois. Les phtalates, une fois dans notre organisme, sont dégradés pour être éliminés de l’organisme, ils sont alors retrouvés sous forme de métabolites dans nos matrices biologiques (sang, urine, cheveux, lait maternel, sperme…). Les cheveux ont donc l’intérêt de « mémoriser l’exposition » car ils sont irrigués à la racine par des vaisseaux sanguins.