Certains PFAS ont été associés à un large éventail de dommages graves pour la santé, allant du cancer à l’obésité en passant par des une fragilisation des défenses immunitaires face à la COVID-19. L’eau potable contaminée est à elle seule une source de grande inquiétude, ce qui place les PFAS parmi les produits toxiques prioritaires à éliminer.
Etude du Green Science Policy Institute sur les PFAS non étiquetés détectés dans les cosmétiques (Juin 2021)
Selon une nouvelle étude du Green Science Policy Institute, publiée le 15 juin 2021 dans Environmental Science & Technology Letters, basée sur le test de 231 produits de maquillage commercialisés aux Etats-Unis et aux Canada, près de la moitié des mascaras, rouges à lèvres et fonds de teint testés seraient contaminés par les perfluorés. Pire, ces produits chimiques toxiques éternels associés à de nombreuses maladies ne seraient majoritairement pas indiqués dans la liste des ingrédients.
« Les porteuses de rouge à lèvres peuvent manger par inadvertance plusieurs kilos de rouge à lèvres au cours de leur vie », a déclaré Graham Peaslee, auteur principal de l’étude et professeur de physique à l’université de Notre Dame. « Mais contrairement à la nourriture, les produits chimiques contenus dans le rouge à lèvres et les autres produits de maquillage et de soins personnels ne sont presque pas réglementés aux États-Unis et au Canada. Par conséquent, des millions de personnes portent quotidiennement, sans le savoir, des PFAS et d’autres produits chimiques nocifs sur leur visage et leur corps. »
Outre l’ingestion de PFAS par les produits pour les lèvres, les PFAS contenus dans les cosmétiques peuvent être absorbés par la peau et les canaux lacrymaux. En plus de ces voies d’exposition directe, les PFAS peuvent se retrouver dans l’eau potable, l’air et les aliments lors de la fabrication des produits de maquillage et après rejet dans les égouts.
29 produits présentant les niveaux de fluor les plus élevés, un indicateur de la présence de PFAS, ont fait l’objet d’une analyse plus poussée et il a été confirmé qu’ils contenaient tous au moins quatre PFAS préoccupants. Il s’agissait de PFAS qui se décomposent en d’autres PFAS connus pour être hautement toxiques et nocifs pour l’environnement.
De nombreux produits contenant des PFAS étaient annoncés comme étant « résistants à l’usure » ou « durables ». Il est important de noter que la plupart des PFAS n’étaient pas divulgués sur les étiquettes des ingrédients. Il est donc impossible pour les consommateurs d’éviter les cosmétiques contenant des PFAS en lisant les étiquettes.
« Les PFAS ne sont pas nécessaires pour le maquillage. Étant donné leur grand potentiel de nuisance, je pense qu’ils ne devraient être utilisés dans aucun produit de soins personnels », a déclaré Arlene Blum, co-auteur et directrice exécutive du Green Science Policy Institute. « Il est grand temps de retirer toute la classe des PFAS des cosmétiques et d’empêcher ces produits chimiques nocifs d’entrer dans notre corps. »
En 2020, la Californie est devenue le premier État américain à interdire les produits chimiques toxiques dans les cosmétiques, y compris un certain nombre de PFAS, suivi du Maryland en juin 2020. Ces lois entreront toutefois en vigueur qu’en 2025. Du côté des marques, L’Oréal s’est engagé en 2018 à éliminer les PFAS de ses produits.
Peu après la publication de cette étude, la loi « No PFAS in Cosmetics Act » a été introduite à la Chambre et au Sénat américains pour interdire tous les PFAS dans les produits de maquillage et de soins personnels. En Europe, suite à la publication de la stratégie sur les produits chimiques, la Commission européenne devrait réviser la directive sur les cosmétiques. Le changement le plus important sera que les produits chimiques dangereux – y compris les PFAS – ne seront plus autorisés dans les produits cosmétiques. Les choses bougent sur le front législatif mais le chantier est immense.
En savoir plus
➜ Communiqué du Green Science Policy Institute
➜ Heather D. Whitehead, et al., (2021), Fluorinated Compounds in North American Cosmetics, Environmental Science & Technology Letters Article ASAP DOI: 10.1021/acs.estlett.1c00240
➜ Webinaire « La beauté sans PFAS » organisé par ChemSec
Revue de presse
• Alerte sur les polluants dans le maquillage ! (What’s Up Doc)
• Des produits chimiques «éternels» seraient présents dans de nombreux maquillages (Slate)
• Des toxines dans certains produits de maquillage longue durée, selon une étude (L’Actualité)
Rapport du Green Science Policy Institute sur les PFAS dans les (Avril 2021)
L’industrie du bâtiment utilise de grandes quantités de PFAS, présents dans une grande variété de produits de construction, des revêtements de sol aux toitures, des revêtements extérieurs aux finitions intérieures. Dans un rapport publié en avril 2021 le Green Science Policy Institute a collecté des informations sur les utilisations des PFAS dans l’environnement bâti à partir des sites web des entreprises, des brevets, de la littérature scientifique, etc. Ce rapport est un référentiel très complet pour sensibiliser les architectes, les fabricants, et l’ensemble des professionnels du bâtiment, qui sont encouragés à identifier et à éliminer les utilisations non essentielles des PFAS.
Le Green Science Policy Institute explique à quel point les composés PFAS sont présents dans les matériaux de construction courants tels que les fenêtres, les miroirs, les portes de douche, les baignoires et les toilettes. On les trouve aussi dans les rubans adhésifs, les peintures, les produits d’étanchéité, les calfeutrages, et les produits dérivés du bois comme les panneaux OSB et MDF.
Les PFAS sont un composant clé des membranes imperméables fantaisistes comme celles que l’on voit sur les toits tendus, mais ils sont également présents dans les finitions des toits et des gouttières métalliques banales pour repousser la saleté et résister aux taches.
Les revêtements fluorés sont utilisés pour rendre les surfaces en verre et en céramique plus durables et plus résistantes à la chaleur et à l’abrasion, pour empêcher les salissures et la crasse, et pour fournir des caractéristiques ‘faciles à nettoyer’ et anti-boues.
Les PFAS sont parfois utilisés dans des endroits inattendus, amortisseurs parasismiques ou simples colles, il est donc difficile de suivre leur utilisation et d’obtenir des détails sur les produits spécifiques qui les utilisent.
Ce rapport « Building a better world » contient des suggestions à l’intention des architectes, et encourage les fabricants de produits de construction à les éliminer progressivement et même à demander aux gouvernements de les restreindre. Dans un premier temps les décideurs de l’industrie ont besoin de « comprendre où les PFAS sont utilisés afin qu’ils puissent se demander si toutes ces utilisations sont vraiment nécessaires » a déclaré Tom Bruton, principal auteur du rapport.
L’objectif est d’encourager le développement et la systématisation de plans d’action pour identifier les PFAS dans les produits, à aider les concepteurs à faire de meilleurs choix de matériaux.
Bien que les PFAS remplissent des fonctions souhaitables telles que l’imperméabilisation, la prévention de la corrosion, la lubrification, la réduction de la friction et la résistance aux graisses et à l’eau, leur utilité a un coût pour la santé et l’environnement. Les PFAS ne se décomposent pas et peuvent se bioaccumuler dans le sol, l’eau et même dans les êtres vivants, entrainant des effets sanitaires bien documentés, tels que le cancer du rein et des testicules, un taux de cholestérol élevé, des maladies du foie, une baisse de la fertilité ou bien encore des problèmes de thyroïde.
Les PFAS peuvent par ailleurs se retrouver dans l’eau, l’air, les aliments et la poussière intérieure pendant la fabrication, l’utilisation et l’élimination de ces matériaux. Les travailleurs de la construction et de l’entretien des bâtiments ou les bricoleurs peuvent être particulièrement exposés. Par exemple, les produits d’imperméabilisation par pulvérisation de carreaux et de coulis contenant des PFAS ont été impliqués dans plusieurs cas de lésions pulmonaires aiguës.
« Ajouter des PFAS aux matériaux de construction conduit à une pollution qui durera des décennies, voire des siècles », a déclaré dans un communiqué David Johnson, AIA, un directeur de SERA Architects qui a examiné le rapport. « Éviter les PFAS est un changement à fort impact que l’industrie du bâtiment peut faire maintenant pour des bâtiments plus sains et un monde plus sain. »
En savoir plus
➜ Le Rapport complet “Building a Better World: Eliminating Unnecessary PFAS in Building Materials“
➜ Communiqué du Green Science Policy Institute
➜ Le webinaire du Green Science Policy Institute avec Robert Bilott (l’avocat dont le travail est raconté par le film Dark Waters)
PFAS et emballages alimentaires éphémères : est-il vraiment nécessaire d’utiliser des toxiques éternels pour éviter de se graisser les doigts ?
Sortie en mai 2021 d’une étude menée par l’ONG tchèque Arnika, en coopération avec HEAL et 6 autres organisations, sur ces emballages des chaines de restauration rapides en papier ou en carton, soi-disant végétal, compostable ou biodégradable, censés faire oublier les mésaventures des plastiques jetables, mais traités de façon intentionnel avec des PFAS, polluants chimiques éternels utilisés de façon regrettable pour un usage éphémère et clairement non-essentiel. Au Danemark l’utilisation des PFAS dans les emballages alimentaires en papier et carton est interdite depuis juillet 2020.
Sur 42 échantillons envoyés pour analyse, 32 emballages de grandes chaînes mondiales de restauration rapide telles que McDonalds, KFC, Subway ou Dunkin Donuts ont montré un traitement intentionnel avec des PFAS. L’approche danoise, qui consiste à interdire à interdire, y compris pour ces entreprises, l’ensemble de la classe de plus de 4 500 substances, montre que l’utilisation des PFAS dans des emballages alimentaires n’est pas une fatalité et que leur interdiction est réaliste.
En savoir plus
➜ Voir le rapport : HEAL / Generations Futures
Revue de presse
• Des polluants « éternels » dans les emballages à usage unique de la restauration rapide (Le Monde)
• Pollution : Des ONG alertent sur la présence de substances nocives dans des emballages et de la vaisselle jetable (AFP)
• Alimentation : des substances nocives dans les emballages ? (France 3)
• Substances nocives dans certains emballages alimentaires : « On pourrait très bien décider de se passer de ce genre de produits », estime un endocrinologue (France Info)
• Des ONG européennes sonnent l’alarme sur les perfluorés toxiques dans les emballages alimentaires (Libération)
• Santé : des substances nocives dans les emballages de restauration (Les Echos)