Les perturbateurs endocriniens font désormais partie de notre environnement quotidien.
Problème : ces molécules sont rendues responsables de malformations génitales, de pubertés précoces et de diminution de la fertilité. On les soupçonne également de jouer un rôle dans le développement de l’obésité, du diabète et de certains cancers. Si la réglementation tarde à se mettre en place, des solutions de bon sens permettent de limiter les risques.
Comment agissent ces PE, dont près d’un millier sont aujourd’hui identifiés ? « Ils ont la capacité de se lier aux récepteurs hormonaux, ce qui leur permet de s’opposer à l’action des hormones ou au contraire de la stimuler, ou encore d’empêcher leur synthèse. Le résultat est donc un dysfonctionnement hormonal, avec des conséquences et des effets très larges, qui recoupent quasiment toutes les maladies chroniques », explique André Cicolella, président du Réseau environnement santé (RES) et enseignant à Sciences-Po, à l’origine de l’interdiction du bisphénol A (BPA) dans les biberons et les contenants alimentaires en France. Ce toxicologue, lanceur d’alerte bien connu, a justement publié en septembre dernier un ouvrage dans lequel il accuse les substances chimiques de notre environnement, et les PE en particulier, d’être en grande partie à l’origine d’une épidémie de cancers du sein chez les femmes (avec chaque année 500 000 décès et 1,8 million de nouveaux cas diagnostiqués à travers le monde). Il cite notamment une étude publiée par l’école de santé publique de Berkeley, fruit du suivi pendant cinquante-deux ans de 9 300 femmes dont les mères étaient contaminées au DDT, le pesticide organochloré vedette de l’après-guerre, utilisé pendant des décennies pour lutter contre le typhus et le paludisme. « Cette étude, qui est une référence, montre que les femmes dont les mères étaient le plus contaminées avaient quatre fois plus de cancers du sein que les autres à l’âge de 52 ans », relève André Cicolella. Les chercheurs de Berkeley ont aussi constaté que les femmes exposées au DDT avant l’âge de 14 ans, c’est-à-dire pendant la puberté, avaient cinq fois plus de cancers du sein à l’âge adulte que celles qui n’avaient pas été exposées.