Plastiques, quels enjeux pour demain ?
De la pollution physico-chimique aux impacts environnementaux et sanitaires
Résumé du colloque de l’ARET
15 et 16 juin 2016 – Fondation Rovaltin – 26300 ALIXAN
Une centaine de scientifiques et experts d’horizons différents (organismes officiels, ONG, industriels…) se sont rencontrés sous l’égide de l’ARET (Association pour la Recherche en Toxicologie) pour débattre sur les plastiques et l’environnement.
Quatre milliards de tonnes de plastiques sont jetées en mer chaque année. Ces plastiques se fragmentent, certains vont flotter à la surface, d’autres vont couler sur les fonds asphyxiant la vie marine. Selon leurs tailles, ces fragments seront absorbés par les coquillages et les poissons que nous consommerons à notre tour. Certains de ces déchets jetés en ville ou en campagne, se retrouvent au final aussi sur les plages avant d’être transportés au bout du monde par les flots. Ces gestes de négligence sont coûteux pour la collectivité, ainsi le nettoyage des plages européennes s’élevait à près de 300 millions d’euros en 2014 (IFREMER).
Ces microparticules de plastiques transportent en plus, à leur surface, des polluants divers come les PCB, HAP, phtalates (perturbateurs endocriniens), mais aussi des microorganismes qui peuvent être pathogènes. Avec le réchauffement climatique, le transport d’océan en océan de ces pathogènes est de plus en plus craint par les bactériologistes pour le développement de maladies.
De nombreux déchets de plastiques se retrouvent aussi sur terre au travers des décharges d’ordures ménagères et dans les boues de STEP (stations d’épuration des eaux usées) libérant ainsi de nombreux polluants dans les sols dont des perturbateurs endocriniens comme les phtalates et le bisphénol A (BPA) qui sont ubiquitaires. Ces deux types de substances se retrouvent aussi dans 100% des prélèvements réalisés, tant dans l’air que les poussières de nos logements (CSTB). En raison de leurs diverses expositions, les enfants français sont particulièrement imprégnés aux phtalates, ce que montrent plusieurs études officielles.
On rappellera que les perturbateurs endocriniens sont particulièrement dangereux durant certaines périodes de la vie, notamment durant la grossesse et les premières années de l’enfance. En complément des pathologies connues pour les enfants exposés en période prénatale, conduisant à certaines malformations des organes sexuels ou plus tard à des cancers du sein ou des testicules à l’âge adulte, l’INSERM identifierait aussi le déficit de minéralisation dentaire chez les enfants exposés au BPA durant les premières années (0 à 5 ans). Cette pathologie est en forte croissance et touche plus de 15% des enfants de moins de 10 ans, imposant alors des implants dentaires.
Le point de vue du Réseau Environnement Santé
Il est clair que les plastiques ont apporté des commodités à notre vie d’aujourd’hui dans de nombreux domaines mais il est évident aussi qu’ils ont été dévoyés pour des usages à vies courtes, de quelques jours à quelques semaines, notamment dans les emballages alimentaires sous la pression de certains industriels.
Depuis plus de 30 ans, malgré les campagnes de communication de l’ADEME et d’ECO-EMBALLAGES, le recyclage des plastiques dans notre pays reste assez décevant et favorise la dissémination des déchets comme décrit plus haut. Nos élus tant sur le plan local que national s’impliquent relativement peu sur ce sujet, quand ils ne sont pas sous l’influence de lobbies industriels. Il ne reste donc que le citoyen pour contribuer efficacement à la réduction du volume des déchets plastiques, en consommant des aliments les plus simples, les moins préparés par l’Industrie Agro-Alimentaire et donc les moins emballés. Attitude qui non seulement est favorable à la réduction des déchets et du gaspillage pétrolier mais permet également de réduire les risques de contamination des aliments par certains plastiques employés dans les emballages jetables. A cet égard on rappellera la citation de Coluche, philosophe et grand penseur à ses heures, qui déclarait : « il suffit que les gens n’achètent plus de saloperies pour que ça ne se vende plus ! »
L’achat d’aliments frais et bio permet de réduire les déchets d’emballage et les contaminations de notre environnement pour une meilleure préservation de notre santé. Si pour certains le bio est jugé cher, on n’oubliera pas les surcoûts entraînés par le traitement des résidus plastiques sur les plages, dans les eaux de surfaces, les stations d’épuration de nos villes et par les soins médicaux des maladies induites par les contaminants relargués par ces plastiques.
Bernard PETIT
Réseau Environnement Santé
Acronymes ou noms utilisés :
ONG : Organisation Non Gouvernementale
IFREMER : Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer
PCB : polychlorobiphényls (perturbateurs endocriniens)
HAP : Hydrocarbure Aromatique Polycyclique
BPA : Bisphénol A (perturbateur endocrinien)
STEP : Station d’Epuration d’eaux usées
CSTB : Centre Scientifique et Technique du Bâtiment
INSERM : Institut National de la Santé et de la recherche Médicale
ADEME : Agence de l’Environnement et de Maîtrise de l’Energie
ECO-EMBALLAGES : Organisation de l’industrie de l’emballage dédiée au recyclage[/fusion_text]