Dr Nathalie FERRAND-LEFRANC, Chirurgienne dentiste et Déléguée Régionale Occitanie du Réseau Environnement Santé a participé à la table ronde du colloque « Précarité et accès à la santé bucco-dentaire » organisé par l’ASPBD le 21 juin 2019 au Sénat.
Pour le Réseau Environnement Santé, 3 idées fortes émergent des interventions que nous venons d’entendre :
- Amener la santé à la personne
- Redonner confiance aux personnes en précarité
- Ces personnes ont besoin d’accompagnement.
Ces trois points tournent autour de la reconsidération de l’humain, dans sa dimension de personne, et dans la dimension de la relation entre deux humains (soignant-soigné), entre humains. L’humain dans son environnement.
Ce qui implique :
- De travailler avec les associations de terrain, avec des relais qui ne sont pas forcément des soignants. Et de travailler les transversalités entre soignants.
- De ne pas réduire la santé aux soins. L’accès aux soins a été considéré comme un objectif (il est facile à évaluer). Or l’accès aux soins ne garantit pas l’accès à la santé. Parce qu’il n’est pas toujours utilisé par des personnes dont les priorités de survie n’intègrent pas la santé. Parce que le suivi des soins demande de l’énergie, de la connaissance du parcours de soins et de la prise en charge.
L’accès à la santé demande d’abord une réponse humaine avant une réponse technique : reconnaître l’autre comme faisant partie de l’humanité, comme étant son frère en humanité.
Les déterminants de santé sont multiples. Les connaître et les reconnaître permet d’actionner d’autres leviers, de s’adresser à d’autres acteurs de santé, à d’autres financements.
Pour le Réseau Environnement Santé, la santé environnementale doit être au cœur des politiques publiques, ce qui amène à s’interroger sur nos modèles actuels d’activités humaines : ces types d’énergies, de modes de déplacement, d’agriculture, sont-il compatibles avec la santé des humains et des éco-systèmes ?
L’explosion des maladies chroniques nous oblige à interroger ces paramètres environnementaux, car nos régimes de protection sociale ne pourront pas suivre. Objectif santé : comment être moins malades, physiquement mais aussi psychiquement ?
Pour articuler les politiques publiques, les acteurs médicaux et sociaux, les plateformes, il faut se fixer le bon objectif qui est l’accès à la santé (et non pas seulement aux soins) pour tous en humanité (et non en technicité).
Une urgence est de former les professionnels de soins et de petite enfance à la santé environnementale, de façon à être des relais auprès des femmes enceintes et des jeunes parents, car la période la plus sensible aux perturbations hormonales est en priorité la période fœtale, ainsi que la petite enfance et l’adolescence.
Cette prévention primaire est à faire pour tous, avec une attention particulière pour les personnes en précarité grâce à un accompagnement adapté.