A l’occasion de la journée mondiale de la prématurité, ce 17 novembre, le RES demande aux Ministères de la Santé et de l’Ecologie d’organiser une #MISSIONFLASH ⚡ pour réduire l’exposition de la population aux perturbateurs endocriniens. Réduire la prématurité de 12% c’est possible en réduisant de 50% la contamination par les phtalates! En France 7200 cas pourraient être évités. Ces polluants du quotidien (plastiques, cosmétiques, alimentation ultra-transformée,…) sont aussi responsables de l’explosion de l’infertilité. Heureusement ces substances sont éliminées quotidiennement par l’organisme humain, il est possible et urgent de réduire de façon drastique notre contamination, en commençant par la protection prioritaire des femmes enceintes et des enfants.
Prématurés : population à haut risque
En septembre dernier, le journal scientifique de référence JAMA Pediatrics publiait une synthèse des 16 études réalisées aux Etats-Unis entre 1983 et 2014 dans le cadre du programme NHANES sur le lien « Prématurité et Phtalates »[i]. L’originalité de cette étude était l’évaluation du gain de santé à attendre d’une réduction de la contamination des femmes enceintes : 50 % de contamination en moins, c’est 12% de cas de prématurité en moins, soit 7200 cas à l’échelle française [ii].
Une nouvelle étude réalisée en Chine vient conforter l’étude américaine[iii]. L’exposition à un mélange de 13 Perturbateurs endocriniens pendant le 1er trimestre double le risque de prématurité, les PE qui pèsent le plus étant sans surprise le Bisphénol A (26 %) et le phtalate DEHP (22%).
Les prématurés ont la double peine car ils passent leurs premières semaines de vie dans un univers de plastique. Il a été démontré depuis très longtemps que cela se traduit par une contamination très importante (1ère publication en 2001 à propos d’un rapport de la Food and Drug Administration faisant état de risque testiculaire suite à cette exposition)[iv]. Aujourd’hui, théoriquement, tout du moins en France depuis 2012, cette exposition n’est plus autorisée. L’ANSM avait publié en 2016 les résultats d’un contrôle du marché des dispositifs médicaux en PVC, qui montrait que, bien qu’annoncés sans DEHP, la majorité en contenait [v]. Qu’en est-il dans la réalité aujourd’hui ?
La contamination par les phtalates se fait principalement via les plastiques (les phtalates sont utilisés comme plastifiants), les cosmétiques (utilisation du DEP encore autorisé comme fixateur dans les parfums, bien que mis en cause dans les études sur la prématurité ; une étude de 2015 avait montré la présence de phtalates interdits comme le DEHP [vi]) et l’alimentation ultra-transformée (+ 24 % DEHP et + 39 % DiNP pour les consommateurs de fast food comparés aux non-consommateurs) [vii].
Nos enfants seront-ils tous stériles en 2050 ?
C’est la question que posait la chercheuse américaine Shanna Swan dans son livre « Countdown » paru aux Etats-Unis et traduit en français en 2021 [viii]. Elle est également co-autrice de la publication parue dans le JAMA Pediatrics citée plus haut.
Une mise à jour récente de la grande étude internationale qu’elle a coordonnée montre que la question est de plus en plus pertinente [ix]. La diminution de la concentration spermatique est de 51,6% entre 1973 et 2018 et le taux annuel de diminution a doublé entre les années 70 et les années post 2000 (1,16% contre 2,64%).
La multiplicité des données humaines et expérimentales met en cause prioritairement l’exposition pendant la grossesse aux phtalates et au bisphénol A.
Rappelons que les phtalates comme le bisphénol A sont éliminés quotidiennement par l’organisme humain et qu’il est possible de réduire de façon drastique la contamination humaine, en commençant par la protection prioritaire des femmes enceintes.
De grandes campagnes ont été menées sur les risques liés au tabac et à l’alcool, il est temps de lancer une grande campagne sur la réduction de l’exposition aux perturbateurs endocriniens. Cela doit faire partie de l’objet d’une mission Flash.
Contact presse : André Cicolella 06 35 57 16 82 / 07 85 37 94 80
[i] Welch BM, et al. (2022) Associations Between Prenatal Urinary Biomarkers of Phthalate Exposure and Preterm Birth: A Pooled Study of 16 US Cohorts. JAMA Pediatr.;176(9):895–905. https://doi.org/10.1001/jamapediatrics.2022.2252
[ii] Communiqué du RES : https://www.reseau-environnement-sante.fr/prematurite-et-phtalates-urgence-mission-flash/
[iii] Chen Y, Xiao H, Namat A, Liu J, Ruan F, Xu S, Li R, Xia W. (2022). Association between trimester-specific exposure to thirteen endocrine disrupting chemicals and preterm birth: Comparison of three statistical models. The Science of the total environment, 851(Pt 2), 158236. https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2022.158236
[iv] Barrett JR (2001). New risk for newborns. Environmental health perspectives, 109(11), A524. https://doi.org/10.1289/ehp.109-a524a
[v] « Contrôle du marché des dispositifs médicaux en PVC annoncés sans DEHP 2016 », ANSM
https://archiveansm.integra.fr/var/ansm_site/storage/original/application/c1c4d64cce8eaf2c5495f2073ae713c8.pdf
Recherche de 8 phtalates classés toxiques pour la reproduction de catégorie 1B (le BBP, le DBP, le DEHP, le DIBP, le DIPP, le DnPP et le DPP). 33 fabricants analysés et 61 dispositifs médicaux (DM) contrôlés. Résultats de l’étude : 18 DM : pas de phtalate reprotoxique 1B mis en évidence 43 DM : présence de DEHP observée avec ⦁32 DM : 100 ppm < teneur observée < 1000 ppm ⦁11 DM : teneur observée > 1000 ppm. 46 DM sont étiquetés comme sans phtalates/sans DEHP alors que certains en contenaient.
[vi] Al-Saleh I., & Elkhatib R. (2016). Screening of phthalate esters in 47 branded perfumes. Environmental science and pollution research international, 23(1), 455–468. https://doi.org/10.1007/s11356-015-5267-z
47 parfums provenant notamment de France, d’Espagne, d’Allemagne, des Etats-Unis ou encore de Chine ou de l’Inde. Présence des phtalates suivants : DEP, DMP, BBP : 47 /47 ; DEHP 46/47 ; DBP. 23/47
[vii] Zota AR, Phillips CA, Mitro SD. (2016) Recent Fast Food Consumption and Bisphenol A and Phthalates Exposures among the U.S. Population in NHANES, 2003-2010. Environmental health perspectives, 124(10), 1521–1528. https://doi.org/10.1289/ehp.1510803
[viii] Shanna Swan. Compte à rebours 15/09/2021 Editeur Marco Pietteur Collection Résurgence
[ix] Hagai Levine, Niels Jørgensen, Anderson Martino-Andrade, Jaime Mendiola, Dan Weksler-Derri, Maya Jolles, Rachel Pinotti, Shanna H Swan, Temporal trends in sperm count: a systematic review and meta-regression analysis of samples collected globally in the 20th and 21st centuries, Human Reproduction Update, 2022;, dmac035, https://doi.org/10.1093/humupd/dmac035
Annexes :
Revue de presse
Prématurité et phtalates
• Prématurité et perturbateurs endocriniens : « Nous en savons suffisamment pour agir » (Sud Ouest)
• Comment éviter l’exposition aux phtalates, responsable de naissances prématurées (Europe 1) + Vidéo
• Le journal de 7h00 du jeudi 10 novembre 2022 (France Inter)
• Phtalates et grossesse : attention danger ! (LaProvence)
• 5 conseils pour éviter l’exposition aux phtalates liée aux naissances prématurées (Pourquoi Docteur)
• Perturbateurs endocriniens : une étude confirme le lien entre exposition aux phtalates et naissances prématurées (Top Santé)
• L’exposition aux phtalates augmente le risque de naissance prématurée (consoGlobe)
• La pollution aux phtalates expose à un risque d’accouchement prématuré (Le Point)
• Phtalates et risque d’accouchement prématuré : une association demande des pistes d’action en France (Version Femina)
• Les perturbateurs endocriniens causent-ils des naissances prématurées ? (Terrafemina)
• Naissance prématurée : le lien avec les perturbateurs endocriniens clairement établi (Elle)
• Perturbateurs endocriniens : un lien solide établi entre prématurité et exposition aux phtalates (Marie Claire)
• Bébés prématurés : le rôle des perturbateurs endocriniens clairement établi (Le Parisien)
• La pollution aux phtalates expose à un risque d’accouchement prématuré (Actu-Environnement)
• La Veille Acteurs de Santé
Infertilité et perturbateurs endocriniens
• Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme, la fertilité masculine décline sur Terre (Europe1)
• Fertilité: des chercheurs alertent sur la diminution mondiale du nombre de spermatozoïdes (BFM)
• Infertilité: le nombre de spermatozoïdes a chuté de moitié en moins de 50 ans (BFM)
• Déclin de la fertilité masculine : un phénomène mondial qui s’accélère (Le Quotidien du Médecin)
• Baisse de la fertilité masculine : les chercheurs tirent la sonnette d’alarme (Les Echos)
• Baisse de la fertilité masculine : « A long terme, cela peut devenir un danger pour l’humanité » ( L’Express)
• Baisse de fertilité : l’épidémie silencieuse (Science & Vie)
• Fertilité : ce qu’il faut retenir de l’étude qui appuie l’hypothèse d’un déclin mondial de la concentration en spermatozoïdes (France Info)
• Une étude appuie l’hypothèse d’un déclin mondial de la concentration en spermatozoïdes (Ouest France)
• Infertilité : la concentration de spermatozoïdes décline partout dans le monde (Marie Claire)
• Le déclin de la fertilité masculine est mondial et s’accélère (Le Monde)
• L’infertilité, un « enjeu de santé publique majeur » négligé par les pouvoirs publics (Le Monde)
Au moment où la situation critique des services pédiatriques fait la une de l’actualité, une importante publication scientifique apporte un éclairage sur une cause environnementale majeure de la prématurité.
Le JAMA Pediatrics (Journal of American Medical Association), le prestigieux journal médical américain pour la pédiatrie, vient de publier une synthèse des résultats de 16 études menées aux Etats-Unis sur le lien prématurité et exposition maternelle aux phtalates [1]. Ces études ont été menées entre 1983 et 2018 avec le concours de 6045 femmes. 11 métabolites de phtalates ont été mesurés.
L’étude est cosignée par 56 chercheurs issus de 36 universités américaines et agences fédérales comme l’Institut National des Sciences de la Santé Environnementale, l’Agence de Protection de l’Environnement ou le Centre pour le Contrôle des Maladies. Ces mesures s’appuient sur le programme NHANES qui collecte des échantillons biologiques dans un échantillon représentatif de la population américaine depuis plusieurs décennies.
« L’exposition à quatre des onze phtalates détectés chez les femmes enceintes était associée à une probabilité de 14 à 16 % plus élevée d’accouchement prématuré. Les résultats les plus cohérents concernaient l’exposition à un phtalate couramment utilisé dans les produits de soins personnels tels que les vernis à ongles et les cosmétiques.
Les chercheurs ont également utilisé des modèles statistiques pour simuler des interventions visant à réduire l’exposition aux phtalates. Ils ont constaté qu’en réduisant de 50% le mélange de niveaux de métabolites de phtalates, on pouvait prévenir les naissances prématurées de 12% en moyenne. » [2]
Les phtalates sont des Perturbateurs Endocriniens, impliqués dans les grandes maladies infantiles mais aussi de l’adulte. Ils sont principalement utilisés comme plastifiant, d’où une contamination de la poussière domestique, de l’alimentation et des cosmétiques. Les études ESTEBAN et ELFE de Santé Publique France montrent une contamination totale de la population, les femmes étant plus contaminées que les hommes.
Selon l’Inserm, la prématurité est passée de 5,9% en 1995 à 7,4% en 2010 toutes prématurités confondues, soit 1,7% /an. Le nombre de naissances prématurées en France est estimé actuellement à 60 000 pour un taux de 8% [3].
Appliquée à la situation française, une diminution de 12% du nombre de cas, correspondant à une diminution de la contamination de 50% représenterait donc une diminution de 7200 cas/an.
Suite à la demande formulée par le RES en 2012, la France s’est dotée d’une Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens (SNPE) avec comme objectif principal « Réduire l’exposition de la population aux Perturbateurs Endocriniens ».
La discussion est actuellement en cours pour préparer la 3ème phase de la SNPE. La publication américaine sur le lien prématurité phtalates montre que des résultats peuvent être obtenus très rapidement. Comme les phtalates sont éliminés quotidiennement par l’organisme et que les grandes sources de contamination sont connues, il est possible d’atteindre rapidement une diminution significative et des gains de santé conséquents.
Le RES demande la création d’une mission Flash pour faire des propositions permettant de mettre en œuvre rapidement une politique de décontamination par les phtalates.
[1] Welch BM, Keil AP, Buckley JP, et al. Associations Between Prenatal Urinary Biomarkers of Phthalate Exposure and Preterm Birth: A Pooled Study of 16 US Cohorts. JAMA Pediatr. 2022;176(9):895–905. doi:10.1001/jamapediatrics.2022.2252 [2] https://www.nih.gov/news-events/news-releases/preterm-birth-more-likely-exposure-phthalates [3] https://www.sosprema.com/Annexe :
NOTE :
Le RES a lancé la Charte « Villes et Territoires sans Perturbateurs Endocriniens » en 2017 . Aujourd’hui un Français sur deux vit dans une collectivité locale signataire. Un certain nombre d’entre elles ont participé à l’Opération Zéro phtalates en équipant des éco-ambassadeurs d’un bracelet en silicone pour évaluer la contamination par les phtalates ou en analysant cette contamination sur une mèche de cheveux:
– Guise, Châteauroux, avec le soutien des CPAM de l’Aisne et de l’Indre
– Albi avec le soutien du Conseil Départemental du Tarn et de la Mutuelle du Rempart
– Strasbourg, Schiltigheim, Bischheim avec le soutien de l’ARS Grand Est.
L’opération a été conduite également avec succès dans 8 lycées d’Ile-de-France avec le soutien de la région Ile-de- France.
En savoir plus :
https://www.reseau-environnement-sante.fr/category/operation-zero-phtalates/
https://www.reseau-environnement-sante.fr/vtspe/