Paris, le 26/03/ 2018,
PROGRAMME PREVENTION DU GOUVERNEMENT : UNE VISION DES ANNEES 70 !
La Ministre de la santé, Agnès Buzyn, a présenté, ce lundi, avec le Premier Ministre Edouard Philippe, les axes de sa politique de prévention lors d’un comité interministériel dans les locaux de Santé Publique France, dont l’essentiel avait été développé dans une interview dimanche avec France Inter, Franceinfo et Le Monde :
« Nous sommes très mauvais en prévention en France, nous avons un système de santé qui ne finance que les soins une fois qu’on est malade et qui finance très mal les actions de prévention ….nous allons lancer un grand plan de prévention avec des mesures extrêmement concrètes, qui vont permettre aux Français de moins tomber malades et de préserver des vies ».
Comment peut-on, en partant de cette pétition de principe, que l’on ne peut que partager, aboutir à un plan qui fait totalement l’impasse sur la santé environnementale ? Les mesures annoncées concernent en effet le dépistage, le tabac et l’alcool…c’est-à-dire la vision de la santé publique des années 70, laquelle s’est pourtant révélée plus qu’insuffisante pour faire face à l’explosion des maladies chroniques et plus particulièrement du cancer qui touche aujourd’hui un Français sur 2. Un exemple : le dépistage du cancer de l’utérus, annoncé comme la mesure phare pour « Un cancer qui touche chaque année 3 000 femmes et qui provoque plus de 1 000 décès par an »…à comparer au cancer du sein qui touche 50 000 femmes et en tue 12 000, ce qui apporte la preuve que le dépistage n’est pas une solution suffisante pour combattre le cancer.
Aucune référence dans ces déclarations à cet évènement politique majeur que va être l’Assemblée générale de l’ONU, en septembre 2018. Celle-ci va de nouveau débattre de la réponse à l’épidémie de maladies chroniques dans le monde. L’OMS propose un objectif de réduction de la mortalité prématurée par maladies chroniques de 30 % d’ici 2030, tout en précisant que les pays développés peuvent se donner des objectifs plus ambitieux, mais aucune référence à cette manifestation et à cet objectif dans les interventions de la ministre.
Le journal de référence The Lancet sort au même moment un éditorial « Pollution et maladies non transmissibles : il est temps de mettre fin au laisser-aller »[1]. « Avec la reconnaissance croissante de l’impact global énorme de la pollution, le temps est venu de reconnaître que la pollution est une cause majeure des maladies non transmissibles et de faire de la pollution une composante majeure de l’agenda des maladies non transmissibles ».
« Il est temps pour le Président de la République de faire savoir comment va être tenu son engagement à faire de la Santé environnementale « une priorité du quinquennat » et ce que sera la position de la France à la tribune de l’ONU par rapport à l’objectif de l’OMS » s’interroge André Cicolella, président du RES.
Le RES renouvelle ses propositions concernant l’organisation :
- au 1er semestre d’une consultation publique sur l’objectif soumis à l’Assemblée générale de l’ONU (-30 % de mortalité d’ici 2030). Ce débat servira à alimenter la réflexion du gouvernement et la prise de position du Président de la République à New York.
- au 2ème semestre d’Etats Généraux de la Santé Environnementale débouchant sur une loi cadre pour définir les objectifs en lien avec ceux adoptés à l’Assemblée générale de l’ONU , refonder les institutions de santé environnementale et fournir les moyens pour les atteindre .
Contact presse : André Cicolella 06 35 57 16 82
Memorandum FAIRE DE 2018, L’ANNEE DE LA SANTE ENVIRONNEMENTALE sur le site du RES
[1] http://www.thelancet.com/pdfs/journals/lanplh/PIIS2542-5196(18)30020-2.pdf