En phase avec le constat et les objectifs du Réseau Environnement Santé, le rapport d’information des sénateurs Bernard Jomier et Florence Lassarade, présenté le 24 mars dernier et portant sur les orientations et la gouvernance de la politique de santé environnementale, intitulé « Santé environnementale : une nouvelle ambition » appelle à un « pilotage clarifié, proactif et opérationnel de la politique de santé environnementale, à une plus forte territorialisation de ces actions et à un soutien résolu en faveur de la recherche pour approfondir les connaissances, mieux informer et aiguiller l’action », ainsi que dix propositions principales.
La santé environnementale est ancrée dans notre quotidien et suscite des préoccupations croissantes : 7 Français sur 10 sont convaincus que l’environnement a un impact sur la santé.
La crise sanitaire a accéléré cette prise de conscience, révélant l’impact de la dégradation des écosystèmes sur la santé humaine et nos vulnérabilités face à l’émergence des zoonoses. Elle donne ainsi chair au concept « One Health » (« une seule santé ») qui associe santé humaine, santé animale et végétale et qualité des milieux de vie et renouvelle l’approche contemporaine de la santé environnementale, à l’origine issue du mouvement hygiéniste du 19e siècle.
Pour les rapporteurs, la marginalisation de la santé environnementale dans un système de santé centré sur le curatif n’est plus en phase avec ces attentes et avec la réalité des défis de réduction des inégalités de santé.
Dressant le constat d’une gestion en silos et d’un insuffisant portage politique de ces enjeux transversaux, ils appellent à un pilotage opérationnel et proactif, à une action au plus près des territoires afin de promouvoir une approche de proximité positive et intégrée de la santé environnementale et à un approfondissement des connaissances par un effort de recherche renforcé et coordonné.
Le rapport formule 29 propositions destinées à mieux connaître l’impact des facteurs environnementaux, sensibiliser les décideurs publics comme le grand public et agir plus efficacement.
Autosaisine du CESE « Pour une politique nationale de santé environnement au coeur des territoires »
Après les rapports de l’Assemblée nationale (➜ voir le rapport Josso) et du Sénat (ci-dessus) consacrés à la politique en santé environnementale, le CESE s’est emparé à son tour de cet enjeux majeur mais toujours marginalisé dans sa résolution « Pour une politique publique nationale de santé environnement au cœur des territoires », adoptée le 29 mars et rapportée par Agnès Popelin au nom de la section des affaires sociales et de la santé.
Le CESE appelle à un passage à l’action, autour de 3 maîtres mots : prévention, transversalité et territorialité. Il formule 3 propositions principales :
– Passer de la prise en charge médicale de la maladie, centrée uniquement sur les soins, à une approche plus globale de la santé (selon la définition de l’OMS : « état de bien-être physique, mental et social »)
– Renforcer la prévention et en faire un des objectifs prioritaires et transversaux des politiques publiques, au-delà de la politique de santé : une approche préventive, et pas uniquement curative.
– Une action plus résolue contre les inégalités sociales, territoriales et de genre, en matière de santé liée à l’environnement ; les populations les plus vulnérables étant les plus touchées.
Le CESE prévoit notamment de se prononcer dans un avis ultérieur sur :
– l’inclusion en droit français d’une définition de la santé environnement ;
– le pilotage et la gouvernance nationale d’une politique de santé environnement, pour en assurer le caractère interministériel ;
– la déclinaison de cette politique dans les territoires (le CESE souligne que la santé environnement n’existe pas institutionnellement comme compétence que ce soit de la Région, du Département ou du Maire) ;
– l’approche économique pour mieux évaluer le coût de l’inaction, celui des facteurs de risques et leurs externalités négatives ;
– la formation et l’éducation à la santé environnement dès le plus jeune âge.