La médecine a fait des progrès spectaculaires ces dernières décennies : médecine thérapeutique (vaccination et antibiotiques) au cours des années 1930-60, imagerie médicale (échographie, scanner, IRM…) dans les années 1970, les décennies 1980-2010 ont vu l’essor de la médecine moléculaire, la recherche biomédicale, l’immunologie et la médecine génétique qui a ouvert la voie à la manipulation du patrimoine génétique, soulevant des problèmes éthiques, juridiques, sociaux. Forte de ses succès (l’espérance de vie des Français est passée à 82 ans et ne cesse de croître), la médecine s’est affranchie des liens historiques qu’elle avait tissés avec l’urbanisme, du temps de l’hygiénisme, en contribuant à sa naissance à travers les missions sanitaires qu’elle lui avait assignées. Chaque domaine, depuis, poursuit sa propre voie : la médecine s’est engagée dans le tout biomédical, le tout pharmacologique, le tout technologique, le tout curatif, délaissant la santé environnementale, trop complexe, car relevant d’une pluralité de facteurs (génétiques, psychologiques, socio-économiques, environnementaux…) et oubliant la prévention. Nous retracerons rapidement l’histoire de cette liaison perdue, avant de voir, comment et pourquoi, avec la crise environnementale actuelle, la question se repose aujourd’hui. Trois révolutions scientifiques ont marqué l’histoire de la médecine, impactant en même temps l’histoire de l’urbanisme : la révolution pasteurienne (maladies infectieuses), la révolution freudienne (maladies mentales) et la révolution, à venir, de la médecine environnementale (maladies chroniques)[1].
La révolution pasteurienne et la naissance de l’urbanisme
Dès l’Antiquité, Hippocrate (IVème s. av. J. C.), père de la médecine clinique, avait insisté sur l’importance de l’environnement et son rôle pour la santé[2] ; Vitruve (Ier s. av. J. C.) dans son traité exigeait des architectes, la connaissance nécessaire de la médecine[3]. Cette médecine restera thérapeutiquement inefficace jusqu’à la fin du XIXème, malgré les bouleversements créés par Pasteur avec la découverte des microbes et l’aseptisation (1859-1865), Claude Bernard et l’invention de la physiologie (1865), Gregor Mendel avec la mise en évidence des lois de l’hérédité (1865)… Ces découvertes fondamentales prendront du temps à se concrétiser et c’est encore une « conception miasmatique » de l’origine des maladies infectieuses qui va dominer (méphitisme), non sans conséquence sur la réflexion urbaine: au cours du XIXème, les théories hygiénistes qui émergent influenceront le développement de l’urbanisme. On peut distinguer deux périodes dans l’histoire de ce rapport médecine/urbanisme: l’âge pré-pastorien et l’âge pastorien.
L’urbanisme à l’âge pré-pastorien
L’exode rural massif et l’urbanisation anarchique issus de la révolution industrielle entraînent la détérioration de l’environnement urbain et la dégradation de l’habitat ouvrier favorisant l’extension des maladies infectieuses (typhoïde, variole, syphilis, choléra …) et des épidémies ravageuses : 6 grandes pandémies de choléra, qui semait la panique, ont frappé l’Europe et la France entre 1830-1892[4]. La médecine était impuissante à comprendre et à traiter cette maladie : on pensait qu’elle avait pour origine les miasmes putrides qui stagnaient dans l’air corrompu des villes provenant de la décomposition de tous les détritus et déchets, organiques ou non, produits des activités urbaines, rejetés dans l’espace urbain[5]. Pour les médecins et hygiénistes de l’époque, il fallait alors débarrasser l’air des villes de ces odeurs pestilentielles responsables, selon eux, de la propagation des épidémies, en intervenant sur le milieu urbain. Aérer, ventiler, dédensifier l’espace, purifier l’air en chassant les odeurs méphitiques: désinfecter signifiait ici désodoriser l’espace urbain et, pour cela, il fallait modifier le milieu en l’assainissant. Amener l’eau pure, évacuer les eaux usés, assécher le sol, étanchéifier les chaussées, favoriser les écoulements et flux, éviter la stagnation, séparer les éléments (air/eau/sol) et empêcher leur mélange qui produit pourrissement et odeurs morbides, éliminer les fortes densités et la promiscuité qui facilitent la contagion, déplacer les populations, planter arbres et végétaux, jardins et parcs pour purifier l’air, ouvrir et dégager les espaces par des percées et des places pour faire circuler l’air, éloigner les activités polluantes, démolir les constructions insalubres…, toute une série d’actions et de mesures hygiénistes qui donneront lieu à une diversité d’expériences (urbanistiques) et à la naissance de l’urbanisme comme discours théorique[6], dont on peut rappeler les grandes lignes.
– La cité ouvrière, produit de la politique paternaliste et philanthropique du patronat: c’est un lotissement vert qui réunit usine et habitat individuel (Mulhouse, 1853 ; Menier 1867 ; Le Creusot, 1870…)
– La cité utopique, imaginée par les penseurs socialistes utopiques qui proposent, pour fuir la ville malsaine, un établissement nouveau dans la campagne, en changeant aussi les rapports de production et de propriété (Ch. Fourier, 1822 ; R. Owen, 1836 ; E. L. Cabet, 1840 ; J. B. Godin, 1874 ; W. Richardson, 1876…)[7]. Le Familistère de Guise, qui dure jusqu’en 1968, est exemplaire.
– Les Grands Travaux de Londres, entrepris par E. Chadwick (1800-1890) qui mène la première grande réforme sanitaire anglaise (Public Health Act, 1848), puis le gigantesque réseau d’assainissement réalisé par l’ingénieur J. Bazalgette (1819-1891).
– Les Grands Travaux de Paris, conduit par le préfet E. Haussmann entre 1853-1870, se résument par la réalisation de trois grands systèmes : réseau d’assainissement (Belgrand), système de parcs et jardins (Alphand), et réseau de percées et de places, avec une visée stratégique, esthétique et sanitaire.
– I. Cerda (1815-1876), après son plan d’extension pour Barcelone (1859), invente l’urbanisme progressiste avec son livre Teoria general dela urbanizacion (1867) : la « médicalisation » de l’espace triomphe dans ce texte inaugurateur [8].
L’urbanisme à l’âge pastorien
Le développement économique connaît un nouveau bond avec la seconde révolution industrielle (électricité et pétrole), la croissance urbaine, qui se poursuit, génère entassement et surpeuplement (près de 3 millions à Paris), les dysfonctionnements s’accumulent et la question du logement, négligée dans la période précédente, s’aggrave. L’environnement de vie continue à se détériorer et de nouveaux problèmes sanitaires apparaissent ou s’amplifient : la phtisie ou tuberculose, la « peste blanche » est le fléau majeur de cette première partie du XXème siècle[9]. Elle conduira à Paris à isoler les îlots insalubres, ou îlots tuberculeux, voués à la destruction (6 ilots en 1906, 17 en 1920)[10]…, et ce sera bientôt la ville ancienne entière, jugée insalubre, dans sa forme et son tissu, qui sera condamnée: le rapport ville/nature se repose avec acuité, et la ville (ancienne), considérée comme un environnement dangereux et pathogène, est appelé à muter: il faut donner à la ville, dit Le Corbusier, de nouvelles « conditions de nature » Si, à présent, avec l’ère pastorienne la plupart des germes dangereux ont été découverts[11] la médecine reste cependant encore démunie de vaccins et d’antibiotiques pour y faire face, et il faudra attendre la fin de la Seconde Guerre pour que leur production se généralise[12]. Pendant ce temps, on va faire appel, une fois de plus, à une médecine climatique, néo-hippocratique, comme le montre le sanatorium, conçu comme une machine à soigner la tuberculose par l’air pur et le soleil[13]. On va, en effet, recourir à l’espace et à l’urbanisme d’une manière encore plus radicale et des innovations urbanistiques, toujours imprégnées d’hygiénisme (air/ lumière / soleil), vont voir le jour, remettant totalement en cause la forme traditionnelle de la ville compacte construite sur l’îlot destiné à disparaître[14]. Deux grands modèles émergent..
– La cité-jardin: aux deux aimants qui attirent les populations, la ville et la campagne, E. Howard (To–morrow a peaceful path to social reform, 1898) proposa, pour résoudre la crise de la ville industrielle, un troisème, la cité-jardin, mariage de ville et de nature, limité dans sa population et son étendu. R. Unwin (Town planning in practice, 1909) donnera forme et composition à ses idées. En France, H. Sellier réalisera une quinzaine de cité-jardins dans le département de la Seinen en reprenant certains principes. La dernière, la Cité de la Muette à Drancy (1934) préfigure les futurs grands ensembles.
– La ville fonctionnaliste, est une création des CIAM (1928) et de son manifeste la Charte d’Athènes (1933) qui a bouleversé l’élément traditionnel de la forme urbaine (îlot fermé), jugée insalubre, au nom de l’impératif sanitaire qui traverse tout le texte (lutte contre la tuberculose). Cette ville doit satisfaire à 4 fonctions : habiter/travailler/circuler/se récréer. Ce texte deviendra la bible des architectes-urbanistes des Trente Glorieuses. En Allemagne entre 1920-1930 une série d’expériences urbanistiques sont aussi réalisées à travers les seidlugen, à Berlin, Francfort…, sur des principes hygiénistes identiques[15].
La révolution freudienne et son impact (indirect) sur l’urbanisme
Durant l’Ancien Régime, les malades mentaux étaient incarcérés dans l’Hôpital général, les hospices, les dépôts de mendicité…, sans aucune attention curative (c’est le grand renfermement de M. Foucault[16]). Il faudra attendre la Révolution pour les en extraire (Pinel, 1793), puis, avec l’invention de l’asile (Esquirol, 1818), commencer à leur prodiguer des « soins »: la loi de 1838 fixera la construction d’un asile par département. L’asile, « ville des fous » – qui pouvait regrouper plusieurs milliers de malades – devait être isolé de la ville (des non-fous), à protéger. Constitué d’une architecture pavillonnaire, homme et femme séparés, classés en catégories (agités, tranquilles, malpropres, dangereux, convalescents…), l’asile était conçu à partir d’une composition rigoureusement symétrique où ordre et alignement dominaient: la géométrie parfaite des espaces asilaires devait contribuer à soigner le désordre mental des esprit des insensés. Vers 1900, le modèle d’asile-village, importé d’Allemagne, proposa une composition plus souple de pavillons disposés autour d’une place centrale (v. Fleury-les-Aubrais)[17]. Une rupture majeure va s’opérer dans la psychiatrie avec la découverte de l’inconscient et l’invention de la cure psychanalytique par S. Freud (1900)[18] qui conduira à reconsidérer la maladie mentale et son traitement. Mais, là aussi, la diffusion du nouveau savoir prendra du temps et c’est encore une conception de l’aliénation comme dégénérescence biologique qui prévaut à l’époque dans l’approche psychiatrique: on expliquait par exemple la forte croissance du nombre d’aliénés par le déclin biologique, par le déclin de la race[19], et une interprétation darwinienne de la question sociale appuyée sur les théories eugéniques de F. Galton[20] (1907) légitimera les pires pratiques « thérapeutiques » asilaires (plus tard les politiques génocidaires du XXème). En 1937, l’asile devient hôpital psychiatrique, il faudra attendre l’après-guerre, avec l’invention des neuroleptiques (1952) et des antidépresseurs (1957), pour que la psychanalyse pénètre la forteresse psychiatrique, aidée par la critique radicale de l’anti-psychiatrie[21] des années 1970, contribuant, finalement, à faire tomber les murs de l’asile, en donnant naissance à la psychiatrie de secteur. Avec l’abolition de la séparation (ville des fous/ville des non fous), c’est, désormais, par l’intégration dans l’espace urbain, avec un encadrement médical adéquat (le secteur), que le malade, traité comme sujet, est suivi. Et comme pour les sanatoriums, la reconversion de ces vastes asiles abandonnés, leur re-insertion dans la ville, se posera. Outre la fin de la division, l’impact de la psychanalyse sur l’urbanisme moderne sera surtout indirect : elle va participer, avec les autres sciences humaines et sociales, à sa critique et remise en cause. Le psychanalyste A. Mitscherlich, par exemple, dénonce « l’inhospitalité des villes », en désignant les coupables « promoteurs, architectes, urbanistes, qui ont défiguré la ville, comprise comme autolibération de l’homme… »[22]
Le Programme national de rénovation urbaine (PNRU), lancé dans le prolongement des actions de la politique de la ville initiée dès les années 1980, pour corriger les erreurs et errements de l’urbanisme fonctionnaliste moderne et ses conséquences sociales, prévoit la démolition-reconstruction des grands ensembles, accusés de tous les maux, pour réaliser des nouveaux quartiers plus conviviaux et vivables, favorisant le lien social, la mixité sociale, la santé mentale.
Révolution environnementale et urbanisme durable
On assiste vers la fin des années 1960 à la mort de l’urbanisme moderne, ainsi qu’à sa critique radicale par le « mouvement postmoderne »[23]. A la même époque, s’opère la coupure entre urbanisme et médecine: en entrant dans l’ère néolibérale, l’urbanisme perd ses finalités de justice sociale et de santé publique, tandis que la médecine, prise dans l’hubris technologique, s’oriente vers le tout curatif, le tout pharmaco. La crise environnementale, qui émerge dans la années 1970 (premier ministère de l’Environnement en 1971), éclate dans les années 1990 (Rio, 1992 ; Kyoto, 1997). Elle se manifeste par une dégradation généralisée de l’environnement : changement climatique, épuisement des sols agricoles (par les produits phytosanitaires), pénurie d’eau, réduction des ressources halieutiques, déforestation massive, destruction de la biodiversité, dissémination des produits toxiques et pollution de l’air, de l’eau, du sol, des océans…, raréfaction des ressources naturelles et des ressources énergétiques fossiles…, l’âge des limites est atteint[24]. L’explosion démographique mondiale (7 milliards aujourd’hui, 9 en 2050), l’urbanisation galopante et la multiplication des mégalopoles, l’accélération de l’industrialisation du Sud, stimulée par la mondialisation, et le projet de croissance illimitée porté par l’Occident, tous ces faits exercent une pression insoutenable sur la biosphère et sur les écosystèmes, avec de graves incidences sanitaires pour l’homme. Nous sommes, en effet, entrés dans une période de transition épidémiologique : un nouveau régime de maladies chroniques est apparu (cancers, maladies cardio-vasculaires, maladies respiratoires, asthme, allergies, obésité, diabète, souffrances mentales, autisme, baisse de la fertilité masculine…), appelées aussi maladies de civilisation ou maladies environnementales parce qu’issues de la dégradation de notre environnement. Ces maladies dites non transmissibles connaissent, paradoxalement, une véritable « épidémie » dans le monde : de 34% en 1990 elles sont passées à 65% en 2010 et atteindront 88% en 2030, alors que, dans la même période, les maladies infectieuses ont baissé de 57% à 25%. On comptait, en France, en 1994, 3,7 millions de personnes atteintes de ces affections longue durée (ALD), elles sont 11 millions aujourd’hui (l’âge moyen des malades est de 61 ans, elles ne sont donc pas des maladies de vieillesse)[25].
Face à cette situation, la médecine environnementale, d’une part, connaît un retard notoire en France[26], elle reste impuissante à juguler ces nouvelles « épidémies » dont l’origine, complexe, combine facteurs génétiques, psychologiques, biologiques, socio-économiques, environnementaux. Tout ne pourra venir, d’autre part, de l’innovation technologique ni du tout curatif, un changement de paradigme est nécessaire : s’attaquer aux causes par une politique de prévention, une nouvelle alliance entre médecine (environnementale) et urbanisme (durable) s’impose. Mais cet urbanisme durable est lui-même en élaboration et le contexte économique néolibéral dominant, avec sa loi du marché et de la compétition à outrance, détourne ses objectifs à des fins mercantiles (éco-blanchiment, marchandisation des biens communs…). Cet environnement, en crise, ne peut être réduit aux milieux « naturels » uniquement (air, eau, sol, flore, faune…), il faut inclure l’environnement construit (le contexte bâti, physique, où s’effectuent les interrelations entre espaces, individus, groupes) et l’environnement socio-économique et culturel (le cadre urbain, quotidien, où se déroulent les interactions sociales). En effet, l’idée d’une nature séparée de l’homme ou d’une fin de la nature est remise en question de nos jours: nous ne pouvons plus départager les pôles du naturel et de l’artificiel, le monde constitué d’« objets hybrides » (les pollutions), mixtes de nature et de culture[27], où milieux naturels, cadre bâti et contexte socio-culturel sont en étroite interaction. La crise environnementale, elle-même, donne lieu à des « objets hybrides ». La nature comme extériorité radicale a cessé d’être[28]. Cette approche nouvelle de la nature doit être prise en considération par l’urbanisme durable. L’avenir d’une société dépendra de sa capacité à gérer ses ressources, à préserver son patrimoine, à protéger ses milieux, à adapter ses usages, ses espaces aux évolutions de l’environnement, à lutter contre les inégalités, à sauvegarder la santé des populations, … : on parle aussi de résilience. C’est dans ce contexte que l’idée du développement durable (rapport Brundtland 1987) s’est répandue et que la ville a été aussi interrogée à travers la question de la « durabilité »[29] et de l’urbanisme durable. Nous devons donc questionner plus particulièrement l’urbanisation actuelle qui a produit cet environnement naturel, physique, social pathogène, et, pour ce faire, appréhender l’environnement urbain, dans sa globalité, comme un facteur de risque, un facteur d’exposition, une cause potentielle d’altération de la santé (mentale, physique) des habitants. La « santé urbaine » et la médecine environnementale, à promouvoir, ont pour tâche le diagnostic des causes et des mécanismes par lesquels la ville – l’environnement urbain -, dans son organisation et son fonctionnement, affecte la santé, en proposant des solutions (urbanistiques) alternatives : l’urbanisme durable, en intégrant la dimension sanitaire dans ses objectifs, devrait retrouver le chemin de son ancienne alliance avec la médecine.
Découvrir le livre « Ville, urbanisme et santé » de Albert Levy, architecte urbaniste
—
[1] A. Levy (ed), Ville, urbanisme et santé : les trois révolutions, Mutualité Française/Editions Pascal, 2012 [2] A. Coray, Traité d’Hippocrate des airs, des eaux, et des lieux, trad. nouvelle, Baudelot et Ebehart, 1800 [3] Vitruve, De Architectura, trad. A. Choisy, A. de Nobèle, 1971 [4] P. Bourdelais, Une peur bleue, Histoire du choléra en France, Payot, 1987 [5] Ces déchets constituaient aussi une source de matière et de matériaux pour l’artisanat urbain qui en récupérait et recyclait un bonne partie: on avait affaire, à cette époque, à une sorte d’économie circulaire, avant que le « déchet » ne soit pensé et inventé vers 1880 comme matière nocive et malsaine à éliminer. S. Barles, L’invention des déchets urbains, France, 1790-1970, Champ Vallon, 2005 ; A. Guillerme et ali, Dangereux, insalubres et incommodes. Paysages industriels en banlieue parisienne, XVII-XX, Champ Vallon, 2004. [6] F. Choay, L’urbanisme, utopies et réalités, Seuil, 1965 [7] F. Choay, op.cit, parle de pré-urbanistes à leur propos. Parmi toutes ces expériences qui ont échouées, il faut citer le cas du Familistère de Guise de Godin, une aventure qui dura jusqu’en 1968. [8] F. Choay écrit : « Avec Cerda, l’urbaniste revêt, pour ne plus la quitter, la blouse blanche du thérapeute », La règle et le modèle, Seuil, 1980. [9] O. Faure, Histoire sociale de la médecine, XVIII-XX, Anthropos, 1994 [10] Y. Fijalkow, La construction des îlots insalubres, Paris 1850-1945, L’Harmattan, 1998 [11] Typhoïde 1880, tuberculose 1882, choléra 1884, diphtérie 1884, tétanos 1884, grippe 1892, peste 1894…, [12] Découvertes des vaccins : typhoïde 1896, Tuberculose 1921, diphtérie 1923, anti-coqueluche1923, fièvre jaune 1932, anti-grippe 1937, anti-polyo 1957, rougeole 1960, varicelle et oreillons 1966…. Des sulfamides 1936, pénicilline 1943, streptomycine 1943… [13] J-B. Gremnitzer, Architecture et santé : le temps des sanatoriums en France et en Europe, Picard, 2005 [14] Sur cette disparition, J. Castex, Ch. Dépaule, Ph. Panaerai, Formes urbaines de l’îlot à la barre, Dunod, 1977, décrivent la transformation morphologique, mais sans donner une explication sanitaire à cette mutation. [15] Sur ces propositions voir F. Choay, op.cit. [16] M. Foucault, Folie et déraison, histoire de la folie à l’âge classique, Plon, 1961 [17] A. Michel, Ville et santé mentale, Le Manuscrit, 2009 [18] S. Freud (1900), L’interprétation du rêve, Oeuvres complètes, T. IV, Puf, 2003 [19] G. Jorland, Une société à soigner, Hygiène et salubrité publique en France au XIX, Gallimard, 2010 [20] F. Galton (1822-1911) est le cousin de Darwin, il est « eugénique », là-dessus voir D. Kevles, (1985), Au nom de l’eugénisme, PUF, 1995. [21] Sur cette histoire, M. Bellahsen, La santé mentale, Vers un bonheur sous contrôle, Préface J. Oury, La Fabrique, 2014 [22] Il écrit encore : « Devant les nouvelles formations urbaines incohérentes et irrationnelle, le rôle du psychanalyste est de rappeler qu’un environnement qui perturbe dès l’enfance les échanges entre les individus et le groupe, favorise le relâchement des liens émotionnels, inhibe les participations affectives et multiplie les agressions, est un puissant facteurs d’asociabilité » A. Mitscherlich, Psychanalyse et Urbanisme, Réponse aux planificateurs, Gallimard, 1957. [23] Ch. Jencks, Le langage de l’architecture postmoderne, Academy/Denoel, 1979 [24] S. Latouche, L’age des limites, Mille Et Une Nuits, 2012 [25] Les dépenses engendrées par ces nouvelles pathologies représentaient 50% des remboursements de l’assurance-maladie en 1994, elles atteignent aujourd’hui 75%, soit 12% du PIB, et la dette sociale, qui cumule les déficits de la Sécu, voisine les 135 mds d’euros, contre 80 mds en 2008. Cette explosion des dépenses a fait dire à Margaret Chen, directrice de l’OMS (21/04/2011): « L’augmentation des maladies chroniques non transmissibles représentent un énorme défi. Pour certains pays, il n’est pas exagéré de décrire la situation comme une catastrophe imminente pour la santé, pour la société, et surtout pour les économies nationales ». Sur cette question A. Cicolella, Toxique Planète, Seuil, 2013 [26] La médecine environnementale n’est pas enseignée dans les facultés de médecine [27] B. Latour, Nous n’avons jamais été modernes, La Découverte, 1992 [28] C. Larrère, R. Larrère, Du bon usage de la nature, Pour une philosophie de l’environnement, Flammarion, 2009. [29] Une charte européenne de la ville durable a vu le jour, la Charte d’Aalborg, 1994. Sur les difficultés et la complexité de la ville durable, A. Levy, C. Emelianoff, Quelle ville durable ? Espaces et Sociétés, 147, Eres, 2011.